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concerts, ils viennent nous voir et nous posent des questions sur<br />

notre mode de vie. »<br />

Avec sur scène son chanteur barbu, Ibrahim Ag Alhabib, flanqué<br />

d’un groupe en perpétuel mouvement, aux musiciens drapés dans<br />

leurs tuniques blanches et leurs coiffes nomades traditionnelles,<br />

Tinawiren est devenu l’ambassadeur musical du peuple touareg. De<br />

la même manière que Bob Marley l’a été pour les Jamaïcains opprimés.<br />

Ag Leche reconnaît volontiers que leurs chansons, hypnotiques et<br />

rappelant les premières heures du Blues américain, sont destinées à<br />

« vous faire bouger tout en délivrant un message fort ».<br />

Le bassiste, autodidacte, fait partie de la seconde vague des<br />

musiciens qui ont rejoint le collectif Tinariwen après 2001, et ont<br />

contribué à son évolution et à sa renommée internationale actuelle.<br />

Il me confie que le groupe original a joué à son baptême lorsqu’il<br />

était enfant. C’est en effet comme cela que le collectif a démarré à<br />

l’origine, vers 1979 : des musiciens touaregs, qui jouaient des<br />

musiques traditionnelles autour du feu, lors de mariages, de<br />

baptêmes et autres occasions sociales, ont été réunis par Ag Alhabib<br />

pour enregistrer leurs propres compositions. Des chansons qui<br />

devinrent des hymnes de la rébellion qui suivit le mouvement<br />

touareg contre les autorités libyennes, maliennes et algériennes<br />

supervisant leur territoire traditionnel dans le Sud-Sahara. « A<br />

l’époque, il était même illégal de posséder une cassette audio de<br />

Tinariwen », me rappelle Ag Leche.<br />

Une fois la rébellion contenue, au début des années ’90, le groupe<br />

a déménagé à Bamako et troqué ses guitares acoustiques pour des<br />

modèles électriques, inspiré dans cette voie par des copies de<br />

contrebande de musiciens occidentaux tels que Santana, Jimi<br />

Hendrix et Led Zeppelin.<br />

Cinq albums plus tard, la roue a tourné, et c’est au tour de Carlos<br />

Santana, Robert Plant, Bono et Thom Yorke de Radiohead de chanter<br />

les louanges de ces musiciens voyageurs. Nels Cline de Wilco et les<br />

membres du groupe américain TV on the Radio figurent dans le<br />

dernier album de Tinariwen, Tassili (2011). Et Ag Leche confirme que<br />

le groupe est prêt à accueillir toute autre collaboration de ce type à<br />

l’avenir lavenir : « Notre tente est grande ouverte. »<br />

Après avoir évolué de la musique traditionnelle touareg pour<br />

créer une voix moderne pour son peuple, le groupe retourne à ses<br />

racines avec Tassili. Cet album a<br />

été enregistré à Djanet, dans le<br />

désert algérien, avec des<br />

guitares acoustiques, afin de<br />

recréer l’intimité des débuts,<br />

autour des feux de camp.<br />

Beaucoup de chansons sont un<br />

appel à la paix en ces temps<br />

{ MALI’S DESERT ROCKERS }<br />

brussels airlines b.spirit! magazine <strong>may</strong>-ju <strong>may</strong>-jun <br />

{<br />

29 }<br />

incertains. Et, comme le disent les paroles de « Imidiwan Win Sahara »<br />

(Mes amis du Sahara), « Unissons-nous ou nous disparaîtrons, pas<br />

une seule âme ne sera laissée dans le désert ».<br />

Je demande à Ag Leche si, au vu des troubles qui agitent leur terre<br />

d’origine et de la renommée croissante du groupe à l’étranger, il<br />

avait déjà envisagé de vivre ailleurs que dans le Sahara.<br />

« Etant naturellement nomade, j’apprécie réellement cette vie<br />

itinérante de musicien voyageur, qui découvre le monde. Mais au<br />

bout du compte, mon désert et mon troupeau finissent toujours par<br />

me manquer. Et puis, si je quittais le désert, il en serait terriblement<br />

jaloux, et je crains vraiment sa colère. » Ses dernières réflexions se<br />

font l’écho des paroles d’une autre chanson, « Tenere Taqqim<br />

Tossam » (Désert jaloux).<br />

Au début de cette année, Tinariwen a peut-être donné à son<br />

désert son plus grand témoignage d’amour. Les membres du groupe<br />

n’ont pas assisté à la cérémonie des Grammy Awards, où ils ont reçu<br />

le prix du meilleur album de musique du monde (Best World Music<br />

Album), préférant rester chez eux après une longue tournée.<br />

« La route est longue entre Los Angeles et le désert », blague<br />

Ag Leche. « C’était cependant un grand honneur pour nous.<br />

C’était vraiment important, car il s’agissait du premier Grammy<br />

jamais remis à des Touaregs, et une opportunité d’avoir une visibilité<br />

internationale pour notre cause. »<br />

Je lui demande alors où se trouve le Grammy en ce moment. « Il est<br />

toujours aux Etats-Unis, chez nos représentants là-bas, mais vous avez<br />

raison, on doit le récupérer bientôt », dit-il en riant. Alors, quel membre<br />

du groupe gardera l’Award ? Ag Leche répond : « Celui qui aura de la<br />

chance. » Sur ce point au moins, le groupe est sur la bonne piste.<br />

Tinariwen joue à Londres et à New York en mai, et à Bruxelles et<br />

Lyon en juin. Pour tous les détails, consultez tinariwen.com.<br />

Tinariwen<br />

De grauwe bevrijdingsliederen van Tinariwen, de rebelse rockers uit Mali,<br />

houden de wereld in hun macht<br />

“De afgelopen 10 jaar gaf Tinariwen – dat staat voor woestijn in het<br />

Toeareg-Berber di dialect – meer dan 700 concerten over de hele wereld.<br />

De 33-jaar oude bassist b van de groep, Eyadou Ag Leche, vergelijkt hun<br />

dramatische show<br />

met een “woestijncaravan die voortdurend vooruit<br />

moet gaan, waarbij waarb het publiek beslist waarheen te gaan en ons leidt<br />

alsof het een afstandsbediening afst<br />

heeft.”<br />

“We hebben veel ve gespeeld hier in België”, voegt hij toe, “en ik heb<br />

altijd gevonden dat d de mensen hier rustig en welopgevoed zijn en veel<br />

van hun vrijheid genieten. g Na onze concerten komen ze naar ons en<br />

vragen ze naar onze on levensstijl”. De liedjes van Tinariwen, dat werd<br />

opgericht opgericht in 1979 1979, groeiden uit tot protesthymnes na de opstand van<br />

Toeareg tegen de<br />

Libische, Malinese en Algerijnse overheden die hun<br />

traditionele traditionele thuis thuisland in de Zuid-Sahara controleerden.<br />

“Het “H was toen zelfs illegaal om een cassette van Tinariwen<br />

in je<br />

bezit te hebben”, herinnert Ag Leche me eraan.<br />

DDe<br />

groep verhuisde eind jaren 90 naar Bamako, begon<br />

te luis luisteren naar westerse rockmuziek en ruilde hun<br />

akoestische gitaren gita in voor elektrische. Vijf albums later zongen Carlos<br />

Santana, Robert PPlant,<br />

Bono en Thom Yorke van Radiohead reeds de<br />

lofzang van Tinari Tinariwen. Nels Cline van de band Wilco en leden van de<br />

Amerikaanse band TV on the Radio spellen allemaal mee op Tassili<br />

(2011), het meest<br />

recente album van Tinariwen. Ag Leche zegt dat de<br />

band openstaat voor vo alle toekomstige samenwerkingen: “Onze deuren<br />

staan wagenwijd oopen.”<br />

Hoewel ze de hhele<br />

wereld hebben rondgereisd, gaf de band er de<br />

voorkeur aan om<br />

in Mali te blijven in plaats van de uitreiking van de<br />

Grammy Awards 2<strong>2012</strong><br />

bij te wonen, waar ze de prijs in de wacht<br />

sleepten voor Bes Beste World Music album. “ LA ligt ver weg van de<br />

woestijn, schertst<br />

Ag Lech. En welk bandlid krijgt dan de award? Ag<br />

Leche antwoordt zonder z<br />

verpinken: “de gelukzak”.

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