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INTRODUCTION À L'ÉPISTÉMOLOGIE DES SCIENCES ...

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76<br />

DEUXIEME PARTIE<br />

Dans la fabrique des historiens<br />

CHAPITRE I. LA MATIÈRE DU PASSÉ DANS LA PRATIQUE HISTORIOGRAPHIQUE : DOCUMENTS,<br />

TRACES, ARCHIVES<br />

1) Histoire-chronique, histoire érudite, histoire critique<br />

1.1. De l'histoire-chronique à l'histoire érudite<br />

1.1. On se rapportera ici au chapitre 6 du livre de G. Bourdé et H. Martin, Les<br />

Ecoles historiques, Paris, Seuil, où l'on trouvera une présentation synthétique des<br />

transformations, entre le XVIe et le XVIIIe siècle, des pratiques historiographiques<br />

considérées quant à leurs sources et documents, ou quant à ce que l'historien Marc<br />

BLOCH, dont nous parlerons plus spécifiquement ci-dessous, appellera leurs « traces ».<br />

1.2. On pourra prêter une attention particulière aux procédures critiques de<br />

traitement des textes, mises en place dans le contexte rationaliste du XVIIe siècle :<br />

procédures d'authentification, de datation, mais aussi d'analyse philologique, témoignant<br />

d'une perception inédite de l'historicité de la matière même du travail<br />

historiographique, c'est-à-dire des textes, des langages, des mots et des significations<br />

qu'ils véhiculent. Emblématique sera à cet égard le regard historien que l'on se met à<br />

poser sur le Texte par excellence : les Ecritures Saintes. C'est ce qu'entreprendra par<br />

exemple SPINOZA dans le Traité théologico-politique, où, sur la base d'une<br />

herméneutique historique entrecroisant examen philologique, information en histoire<br />

sociale et politique, et analyse des cohérences (et incohérences) internes de l'Ancien<br />

Testament, il remettra en cause l'unité de son texte (donc du Verbe dont il était censé<br />

être l'expression transparente) et dégagera l'hétérogénéité des auteurs, des temps, des<br />

lieux et des objectifs de son écriture 146 .<br />

2) Au creux des archives : vides, silences, ombres de l'histoire<br />

2.1. L'histoire, « connaissance par trace » (Marc Bloch et la contre-utilisation<br />

des documents)<br />

Comme le remarque Marc BLOCH, l'un des fondateurs de l'Ecole dites des<br />

Annales (du nom de la revue qu’il crée en 1929 avec Lucien Febvre, les Annales<br />

d’histoire économique et sociale),<br />

les faits qu’il étudie, l’historien, nous dit-on, est, par définition, dans l’impossibilité absolue de<br />

les constater lui-même. Aucun égyptologue n’a vu Ramsès ; aucun spécialiste des guerres<br />

napoléoniennes n’a entendu le canon d’Austerlitz. Des âges qui nous ont précédé, nous ne<br />

saurions donc parler que d’après témoins. 147<br />

146 Pour un aperçu synthétique sur les techniques interprétatives mises en oeuvre dans le Traité<br />

théologico-politique, et sur ses enjeux à la fois historiographique, philosophique, et politique, voir P.-<br />

F. MOREAU, Spinoza et le Spinozisme, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », p. 60-65.<br />

147 M. BLOCH, Apologie pour l'histoire, ou Métier d'historien, rééd. in L’Histoire, la guerre, la

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