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Untitled - Archives et musée de la littérature

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— 156 —<br />

somplion, il faudrait avoir fait en Russie un séjour<br />

prolongé, <strong>et</strong> quelques mois à Pétrograd n'autorisent pas<br />

<strong>de</strong>s conclusions hâtives. Aussi ce ne sont pas <strong>de</strong>s conclusions,<br />

mais <strong>de</strong>s impressions seulement. Des impressions<br />

<strong>de</strong> Pétrograd pendant l'hiver 1917-1918. On<br />

m'accor<strong>de</strong>ra que ce fut à une époque assez exceptionnelle,<br />

d'une liberté absolue, perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> voir<br />

mieux ce qu'il y a <strong>de</strong> vraiment essentiel dans les consciences.<br />

Ce fut une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> vérité où le Russe se montra<br />

sans masque <strong>et</strong> sans pu<strong>de</strong>ur. Jusque-là, très soucieux<br />

<strong>de</strong> l'opinion d'Europe, il s'était ingénié à se <strong>la</strong> rendre<br />

favorable. Le voyageur était l'obj<strong>et</strong> d'attentions <strong>de</strong><br />

toute espèce. A condition qu'il fût indifférent à <strong>la</strong> politique,<br />

<strong>et</strong> qu'il consentît à ne pas chercher à scruter les<br />

<strong>de</strong>ssous du tsarisme, il n'y avait pas, pour un étranger,<br />

<strong>de</strong> séjour plus agréable <strong>et</strong> plus libre que Pétrograd.<br />

Les Russes étaient accueil<strong>la</strong>nts, charmeurs, hospitaliers,<br />

<strong>et</strong> parvenaient aisément à donner à l'Européen<br />

l'impression qu'il était dans un pays <strong>de</strong> civilisation<br />

analogue à celle du reste du mon<strong>de</strong> cultivé. Trop souvent,<br />

les voyageurs, ainsi circonvenus <strong>et</strong> f<strong>la</strong>ttés, n'ont<br />

pas vu, n'ont pas voulu voir, les hontes du régime,<br />

n'en ont point parlé, n'en ont point voulu parler. Le<br />

cri d'indignation <strong>et</strong> <strong>de</strong> désespoir que poussaient les<br />

opprimés d'ici n'avaient en Europe qu'un faible écho.<br />

Et puis, il y avait l'Alliance, l'étrange alliance <strong>de</strong><br />

Marianne <strong>et</strong> du Tzar qui imposait aux journalistes le<br />

silence, <strong>et</strong> les obligeait à présenter au grand public<br />

français une Russie travestie à l'Européenne. Enfin,<br />

pour l'élite, les noms <strong>de</strong> Tolstoï, <strong>de</strong> Tourgueneff<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

Dostoïevsky, justifiaient l'admiration pour <strong>la</strong> Russie.<br />

J'ai l'outrecuidance <strong>de</strong> penser que le peuple russe

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