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Untitled - Archives et musée de la littérature

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— 306 —<br />

théâtre récent? Mais c<strong>et</strong>te foule, dans celle gare, est<br />

terriblement redoutable. Elle est fiévreuse <strong>et</strong> agitée;<br />

elle nous menace <strong>et</strong> nous insulte, <strong>et</strong> nous ne pouvons<br />

lui donner d'explication. Elle doit nécessairement<br />

penser que nous sommes <strong>de</strong>s prisonniers b<strong>la</strong>ncs. Vat-elle<br />

nous massacrer?<br />

Non. Le train repart. Nous rentrons en Russie. A<br />

Bielostrov, <strong>la</strong> gare frontière, un commissaire russe<br />

vient nous présenter <strong>de</strong>s excuses, avec une courloisie<br />

inaccoutumée. Nous sommes libres. Si Pétrograd a<br />

télégraphié à Helsingfors à notre suj<strong>et</strong>, c'était par sollicitu<strong>de</strong>,<br />

pour nous empêcher d'être pris par les Allemands<br />

qui viennent <strong>de</strong> débarquer en Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>. On<br />

nous a conseillé <strong>de</strong> ne pas rester en Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>. Comment<br />

ce conseil amical a-t-il pu se transformer en<br />

expulsion brutale? En tous cas, nous sommes libres,<br />

libres d'aller à Pétrograd, si ça nous p<strong>la</strong>ît, ou à Moscou,<br />

près du gouvernement qui nous recevra volontiers,<br />

ou à Vologda où sont les ambassa<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> France<br />

<strong>et</strong> d'Amérique.<br />

Tant <strong>de</strong> bienveil<strong>la</strong>nce est vraiment déconcertante.<br />

Nous l'acceptons, sans en scruter les motifs qui nous<br />

échappent. Et nous rentrons à Pétrograd.<br />

La ville est morne <strong>et</strong> presque déserte. Le dégel qui<br />

commence souille les beautés <strong>de</strong> l'hiver. Tout est plus<br />

sale <strong>et</strong> plus misérable encore que lorsque nous y sommes<br />

arrivés à l'automne <strong>de</strong>rnier. Mais alors l'espoir était<br />

permis. Tandis qu'à présent, il n'y a plus qu'une ville<br />

qui se meurt, el où l'on meurt, faute <strong>de</strong> nourriture,<br />

dans une détresse affreuse. Les neiges sont fondues<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s ruisseaux <strong>de</strong> boue coulent vers les égouts.

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