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Untitled - Archives et musée de la littérature

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assez aisément uné Vaste salle parlementaire, c<strong>la</strong>ire <strong>et</strong><br />

spacieuse, avec <strong>de</strong>s loges <strong>la</strong>térales pour le corps diplomatique<br />

<strong>et</strong> les journalistes, <strong>et</strong> dans le fond, face à<br />

l'Assemblée, une tribune pour l'orateur <strong>et</strong> une estra<strong>de</strong><br />

prési<strong>de</strong>ntielle. Ce décor ne manque pas d'une certaine<br />

majesté.<br />

En attendant l'ouverture <strong>de</strong> <strong>la</strong> séance, <strong>de</strong>s conversations<br />

animées se poursuivent dans les groupes. Saluts,<br />

poignées <strong>de</strong> main <strong>de</strong>s nouveaux arrivants. D'autres font<br />

leurcorrespondance. D'autres bâillenld'un air<strong>la</strong>s. 11 ya,<br />

comme dans nos assemblées d'Europe, <strong>de</strong>s visages<br />

intelligents <strong>et</strong> <strong>de</strong>s faces vulgaires. Quelques soldats.<br />

Quelques blouses d'ouvriers. Quelques femmes encore.<br />

Aussi <strong>de</strong>s figures aux pomm<strong>et</strong>tes sail<strong>la</strong>ntes, <strong>et</strong> aux<br />

yeux bridés qui rappellent l'Asie, <strong>de</strong>s nez crochus <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong>s barbes frisées qui rappellent <strong>la</strong> Palestine, <strong>de</strong>s chevelures<br />

longues <strong>et</strong> <strong>de</strong>s regards mystiques qui rappellent<br />

<strong>la</strong> Révolution.<br />

Tout à coup, un silence, le p<strong>et</strong>it frisson spécial que<br />

les comptes rendus parlementaires notent comme<br />

« mouvement d'attention ». Un homme, en uniforme<br />

<strong>de</strong> soldat, vient <strong>de</strong> monter au fauteuil <strong>de</strong> <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce.<br />

C'est Kérensky. Face rasée, cheveux en brosse, très<br />

droit, très « chef », il attend quelques instants que le<br />

silence se fasse plus compl<strong>et</strong> encore. 11 a gran<strong>de</strong> allure<br />

ainsi, on dirait un jeune César. Il parle, d'une voix<br />

n<strong>et</strong>te <strong>et</strong> sonore qui emplit <strong>la</strong> salle ; il parle lentement,<br />

détachant chaque phrase d'un ton <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment.<br />

Un général ne dicterait pas autrement un ordre <strong>de</strong><br />

bataille. 11 est impérieux <strong>et</strong> g<strong>la</strong>cé, <strong>et</strong> ménage, ses eff<strong>et</strong>s<br />

comme un acteur.<br />

Ce qu'il dit — <strong>et</strong> ce qu'un voisin obligeant me traduit<br />

au fur<strong>et</strong> à mesure—est sec, précis, sombre <strong>et</strong> triste infi-

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