Subjectivations politiques et économie des savoirs - Service de ...
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– Revue <strong>de</strong> philosophie politique <strong>de</strong> l’ULg – N°5 – Mai 2013 – p. 102<br />
cristallisent ; le développement <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> post-coloniales, qu’elles se réclament ou<br />
non <strong><strong>de</strong>s</strong> travaux pionniers <strong><strong>de</strong>s</strong> Subaltern Studies, au croisement <strong>de</strong> l'historiographie<br />
critique <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'analyse politique <strong><strong>de</strong>s</strong> mécanismes d’intériorisation <strong><strong>de</strong>s</strong> rapports <strong>de</strong><br />
domination <strong>et</strong> <strong>de</strong> résistance ; les tentatives d’élaboration <strong>de</strong> nouveaux paradigmes<br />
pour penser <strong><strong>de</strong>s</strong> formes <strong>de</strong> subjectivité structurellement « précaires », « vulnérables »<br />
ou « désaffiliées » sur fond <strong>de</strong> conflits <strong>de</strong> normativité psychique <strong>et</strong> sociale… C<strong>et</strong>te<br />
diversité témoigne sans doute <strong>de</strong> la vitalité théorique suscitée par ce questionnement,<br />
au risque <strong>de</strong> l’éclectisme. Il y aurait lieu d'essayer <strong>de</strong> cartographier ce champ<br />
protéiforme <strong>de</strong> la pensée politique contemporaine, afin d’en préciser les principales<br />
lignes <strong>de</strong> forces, d’en différencier les tendances <strong>et</strong> les présupposés, en somme, d’en<br />
mieux cerner les lignes <strong>de</strong> convergence <strong>et</strong> <strong>de</strong> démarcation, dans leurs implications<br />
philosophiques, analytiques concrètes, <strong>et</strong> <strong>politiques</strong>. Contentons-nous ici d'en r<strong>et</strong>enir<br />
simplement une formulation possible <strong>de</strong> leur horizon théorique commun,<br />
inévitablement général : l'horizon d'une analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> processus critiques <strong>de</strong><br />
subjectivation, référables à <strong><strong>de</strong>s</strong> configurations socio-historiques, structurelles ou<br />
conjoncturelles, qui imposent <strong><strong>de</strong>s</strong> formes <strong>de</strong> rapports à soi en porte-à-faux ou en<br />
rupture vis-à-vis <strong><strong>de</strong>s</strong> co<strong><strong>de</strong>s</strong> sociaux, <strong><strong>de</strong>s</strong> représentations collectives d'intérêt <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
valeur, vis-à-vis en somme <strong><strong>de</strong>s</strong> circuits institutionnalisés <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />
reconnaissance sociales. Processus « critiques » aux <strong>de</strong>ux sens du terme, donc,<br />
renvoyant à <strong><strong>de</strong>s</strong> formes <strong>de</strong> subjectivité essentiellement instables, contradictoires ou<br />
précaires, mais aussi porteuses – du moins certains le supposent <strong>et</strong> s'efforcent d'en<br />
penser les conditions – <strong>de</strong> forces collectives <strong>de</strong> contestation <strong>et</strong> <strong>de</strong> revendication, <strong>de</strong><br />
résistance ou <strong>de</strong> riposte aux mo<strong><strong>de</strong>s</strong> d’assuj<strong>et</strong>tissement dominants, <strong>et</strong> <strong>de</strong> nouvelles<br />
créations démocratiques.<br />
1. Généalogie. Il se peut aussi que tous ces signes du temps soient non<br />
seulement <strong><strong>de</strong>s</strong> signes, mais <strong><strong>de</strong>s</strong> symptômes, ceux d'une histoire dont la situation<br />
actuelle ouvre un champ d'interprétations diverses, potentiellement conflictuelles, en<br />
un mot surdéterminées. Il faut tenir pour significatif que c<strong>et</strong>te question du suj<strong>et</strong><br />
politique ait fait l'obj<strong>et</strong> d'un intense travail <strong>de</strong> problématisation tout au long <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
années 1950-1970, au point que bien <strong>de</strong> ses formulations actuelles peuvent<br />
s'entendre, les référents discursifs changeant, comme l'eff<strong>et</strong> après-coup <strong>de</strong> leur<br />
irrésolution ou <strong>de</strong> leurs impasses. Ce n'est pas dire que c<strong>et</strong>te question n’ait pas sa<br />
spécificité <strong>et</strong> ses coordonnées actuelles propres, mais qu'elle gar<strong>de</strong> partie liée avec la<br />
conjoncture mondiale particulièrement complexe auxquelles ces recherches se<br />
confrontaient, <strong>et</strong> sous la dépendance <strong>de</strong> laquelle nous nous trouvons encore<br />
aujourd'hui, bien que comme <strong><strong>de</strong>s</strong> héritiers sans testament, pour reprendre la belle<br />
formule d'Arendt, ou comme <strong><strong>de</strong>s</strong> testamentaires assignés par l'histoire d'un héritage<br />
dont on peine à mesurer, <strong>et</strong> le bien légué, <strong>et</strong> la perte. Car c'est bien dans c<strong>et</strong>te