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Subjectivations politiques et économie des savoirs - Service de ...

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– Thomas Bolmain : « Politique, savoir, subjectivation. Recherche sur la question du<br />

suj<strong>et</strong> dans la philosophie politique française contemporaine » – p. 41<br />

programme établi a priori ; ensuite celle – dite « anarcho-gauchiste » – selon laquelle<br />

ce mouvement doit ouvrir à la réconciliation infinie <strong>de</strong> l’humanité avec elle-même. Mais<br />

<strong>de</strong> reprendre tout à la racine, d’être aussi pur que le vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la négativité même, ce<br />

concept se signale aussi comme impossible. Il n’enveloppe en eff<strong>et</strong> aucune thèse sur<br />

la discipline, l’organisation ou la représentation, sur le problème du régime <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa<br />

définition (qu’est-ce que le communisme, qu’est-ce que la démocratie ?), sur l’usage <strong>de</strong><br />

la violence, ni sur la question <strong>de</strong> la fondation (fût-ce pour y découvrir un abîme) ou celle<br />

<strong>de</strong> la finalité (même pour la dire « sans fin ») : il ne dit rien, enfin, ni <strong><strong>de</strong>s</strong> tensions<br />

irréconciliables qui parasitent toute subjectivation, ni <strong>de</strong> la mortalité qui l’habite.<br />

Cependant, <strong>de</strong> toucher à l’impossible, la subjectivation politique en son aporie nous<br />

ouvre à ce qui apparaît, pour finir, comme le point décisif : la pensée <strong>de</strong> sa finitu<strong>de</strong>. É.<br />

Balibar repère ce <strong>de</strong>rnier thème d’abord chez Althusser. Si la question <strong>de</strong> la politique<br />

marxienne est par excellence celle <strong>de</strong> savoir « comment rompre <strong>de</strong> l’intérieur avec le<br />

courant même <strong>de</strong> l’histoire », la réponse proprement communiste est animée d’une<br />

tension certaine : « Il faudrait que le communisme soit à la fois un "mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

production" défini, <strong>et</strong> la "<strong><strong>de</strong>s</strong>truction" universelle, infinie, <strong>de</strong> toutes les formes <strong>de</strong> la<br />

sujétion humaine ». C<strong>et</strong>te tension s’interprète <strong>de</strong> multiples façons : É. Balibar en prend<br />

occasion pour opposer Althusser à Lukacs. Si Histoire <strong>et</strong> conscience <strong>de</strong> classe insiste<br />

selon lui sur une désaliénation totale où le prolétariat, Suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’histoire, <strong>de</strong> ce qu’il<br />

est conscience pratique <strong>de</strong> faire c<strong>et</strong>te histoire, peut éclore à lui-même comme pure <strong>et</strong><br />

transparente conscience <strong>de</strong> soi, il apparaît en revanche que pour Althusser « la<br />

pratique […] est à jamais irréductible à la conscience » – <strong>et</strong> la thèse selon laquelle<br />

l’idéologie persévérerait dans une société sans classe est bien faite pour conclure à<br />

une « limitation structurale » ou une « finitu<strong>de</strong> » 130 , à « l’existence <strong>de</strong> limites<br />

intrinsèques à la connaissance <strong>et</strong> à la politique 131 ».<br />

É. Balibar précise sa pensée dans un texte fondamental, déjà mentionné, intitulé « Les<br />

universels ». Celui-ci propose d’analyser l’équivocité dite « constitutive » du concept<br />

d’universel. Il distingue trois acceptions : l’universel réel (effectivement réalisé sous la<br />

forme « mondialisation »), l’universel fictionnel (norme hégémonique <strong>de</strong> l’humain en<br />

fonction <strong>de</strong> laquelle le p<strong>et</strong>it d’homme, d’y souscrire, <strong>de</strong>vient suj<strong>et</strong>, <strong>et</strong> plus précisément<br />

suj<strong>et</strong> « normal »), enfin l’universel idéal. L’universel idéal se manifeste lorsqu’un suj<strong>et</strong><br />

revendique le droit d’un <strong>de</strong>venir-suj<strong>et</strong> a-normal particulier (exemplairement le<br />

mouvement féministe) <strong>et</strong> que c<strong>et</strong>te revendication est proférée dans la forme d’une<br />

exigence d’égalité <strong>et</strong> <strong>de</strong> liberté absolues, c’est-à-dire lorsque ce droit, quoique<br />

essentiellement lié à une situation spécifique <strong>et</strong> non pas générique, s’assigne pour<br />

seule forme possible une liberté valant sans exception pour tous (c’est ce qu’É. Balibar<br />

130<br />

É. Balibar, « Le non-contemporain », p. 100-101.<br />

131<br />

Ibid., p. 111.

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