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Subjectivations politiques et économie des savoirs - Service de ...

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– Revue <strong>de</strong> philosophie politique <strong>de</strong> l’ULg – N°5 – Mai 2013 – p. 104<br />

décrire les articulations fondamentales <strong>de</strong> l’espace politique mo<strong>de</strong>rne, d’analyser la<br />

nature <strong><strong>de</strong>s</strong> rapports <strong>de</strong> forces qui s’y développent historiquement, <strong>de</strong> déterminer les<br />

objectifs immédiats <strong>et</strong> les finalités <strong>de</strong>rnières <strong>de</strong> l’agir politique. Bien que formel, ce<br />

constat suffit à fixer une exigence <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>, posant qu’il n’y a pas <strong>de</strong><br />

questionnement possible sur la subjectivation politique sans une généalogie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

discours, <strong><strong>de</strong>s</strong> représentations, <strong><strong>de</strong>s</strong> concepts dans lesquels se sont construites <strong>et</strong><br />

déconstruites à travers une série <strong>de</strong> conjonctures certaines « figures » <strong><strong>de</strong>s</strong> suj<strong>et</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

luttes <strong>de</strong> démocratisation. Entendons par ce terme quelque chose d’essentiellement<br />

hybri<strong>de</strong>, donc re<strong>de</strong>vable d’aucune logique homogène : une entité nouant un concept <strong>et</strong><br />

un nom propre, une notion <strong>et</strong> une interpellation, un mo<strong>de</strong> d’individuation collective <strong>et</strong><br />

un signifiant-maître. Le Peuple, la Nation, le Prolétariat, les Colonisés, le Tiers-Mon<strong>de</strong>,<br />

les Subalternes, les Minorités : autant <strong>de</strong> figures attachées, non pas seulement à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

récits grands ou p<strong>et</strong>its, mais à <strong><strong>de</strong>s</strong> formes d’organisation, à <strong><strong>de</strong>s</strong> mémoires <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

traditions, à <strong><strong>de</strong>s</strong> constructions théoriques <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> pratiques collectives, à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

conquêtes institutionnelles <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> reflux..., toutes choses en somme qui ont fait<br />

l’effectivité historique <strong>de</strong> ces figures majeures du suj<strong>et</strong> politique, <strong>et</strong> sans quoi l’on ne<br />

saurait comprendre qu’elles aient subi les vicissitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> processus historiques dans<br />

lesquelles elles furent prises <strong>et</strong> parties prenantes. C’est donc reconnaître pour<br />

indispensable l’examen <strong>de</strong> la façon dont les crises traversées par ces figures du suj<strong>et</strong>,<br />

<strong>et</strong> pour certaines leur effondrement irréversible, se sont répercutées sur l’idée même<br />

d’un suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la politique, sur la possibilité d’en poser la question, sur les dangers<br />

logés dans c<strong>et</strong>te question elle-même. Pour le dire à l’inverse, cela réclame <strong>de</strong> ne pas<br />

dissocier le problème du suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> démocratisation, <strong>de</strong> l’historicité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

instruments conceptuels qu’on utilise pour le poser, <strong>et</strong> <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong> la<br />

complexité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te histoire : une histoire théorique bien sûr, mais toujours déjà<br />

affectée intérieurement par l’histoire sociale, économique, politique, idéologique, qui<br />

en oriente les significations, les fait bifurquer ou les bouleverse en fonction <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

revirements <strong><strong>de</strong>s</strong> conjonctures. Cela revient à dire que les concepts dans lesquels on<br />

interroge les mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> subjectivation dans l’espace politique sont toujours marqués<br />

par les conjonctures dans lesquels ils ont été forgés ou transformés, marqués aussi<br />

par les eff<strong>et</strong>s non théoriques qu’ils produisent dès lors qu’ils s’incorporent dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

institutions, <strong><strong>de</strong>s</strong> organisations, <strong><strong>de</strong>s</strong> agents collectifs qui se les approprient dans leurs<br />

pratiques. Les concepts ont une mémoire, seulement c<strong>et</strong>te mémoire n’est pas<br />

purement conceptuelle. En ce sens les concepts <strong>de</strong> la pensée politique ne sont jamais<br />

« purs », <strong>et</strong> c’est leur impur<strong>et</strong>é spécifique qui doit être précisément analysée : par quoi<br />

se définit une position matérialiste dans la pensée politique.<br />

Ces réquisits <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> soulèvent aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes théoriques, que je<br />

formulerai sous la forme d’une double hypothèse <strong>de</strong> travail. Poser la question d’une

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