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RéférenceS mai 2011 Environnement littoral et marin
© Ifremer, Capucine Mellon, 1994
Pêche au hareng.
Ce gaspillage de la ressource diminue l’efficacité des mesures de
préservation des stocks dans le cadre de la PCP. Il a des conséquences
environnementales mais aussi économiques. Beaucoup des individus
rejetés sont morts. On réduit la productivité future des stocks en tuant
des juvéniles mais aussi la capacité de reproduction actuelle en rejetant
des adultes. Le rejet des espèces non ciblé a de plus un impact
direct sur la biodiversité et sur l’équilibre entre espèces. Par ailleurs,
ces rejets impliquent un tri important et ont donc un coût.
Exemples de rejets minimum et maximum de quelques pêcheries
En % des captures en poids
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Églefin Églefin
mer du Nord Ouest Écosse
Merlan
mer du Nord
Merlan
Ouest Écosse
Cabillaud
Baltique ouest
Source : D’après la communication de la Commission européenne relative à un plan d’action
communautaire visant à réduire les rejets en mer (COM(2002) 656 final).
Plusieurs pistes sont évoquées pour réduire les rejets dans une communication
de la Commission en 2007 12 : interdiction progressive des
rejets avec la mise au point de nouveaux instruments, flexibilité des quotas,
fermeture en temps réel des secteurs où de grandes proportions de
juvéniles sont observées (notion de sélectivité spatio-temporelle), amélioration
de la sélectivité des engins avec l’appui des scientifiques.
Comme le souligne le ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de
la Pêche, l’interdiction des rejets est un sujet sensible pour les pêcheries
françaises généralement plurispécifiques et polyvalentes.
Pêche et changement climatique
D’après la Commission européenne, la température de l’eau a
augmenté de plus de 1 °C depuis les années 60 (voir chapitre VI).
Même les couches profondes des océans sont concernées. Cela
provoque le déplacement d’espèces vers le nord et peut mettre
en danger les ressources les plus fragiles.
Plusieurs études montrent que de nombreux poissons, crustacés
et coquillages remontent vers le nord, soit pour trouver des températures
plus basses, soit en suivant la remontée du plancton
nourricier. En Atlantique du Nord-Est, c’est le cas du bar, de la sardine,
du thon rouge, du rouget de roche ou du requin bleu. Ainsi, les
quantités de bars pêchés sont passées de 31 à 558 tonnes en mer
du Nord entre 1985 et 2005. Ce phénomène est le même en
Méditerranée ou de plus en plus d’espèces des côtes africaines
arrivent via le détroit de Gibraltar ou le canal de Suez.
Le réchauffement peut par ailleurs avoir un impact sur certains
stocks. Par exemple, la biomasse du plancton à la base de l’alimentation
des juvéniles de cabillaud a chuté de plus de 70 % en
mer du Nord. D’après la DG Pêche de la Commission européenne,
cela pourrait être l’une des causes de la diminution de ce stock.
Voir : Commission européenne, 2007. Changement climatique :
quel impact sur la pêche ? Direction générale de la pêche et des
affaires maritimes. Pêche et aquaculture en Europe n° 35, 12 p.
Par ailleurs, des oiseaux, des tortues et des mammifères marins
peuvent être pris accidentellement par les engins de pêche. Ce sont
les prises accessoires. Au niveau mondial, des publications estiment
que plus de 300 000 petits cétacés sont tués annuellement par des
filets et 250 000 tortues caouannes et luth par des palangres. Suite à
l’adoption du règlement européen CE n° 812/2004 13 , des rapports
nationaux doivent être rédigés régulièrement pour estimer les prises
accidentelles de cétacés. Le dernier rapport du ministère de l’Alimentation,
de l’Agriculture et de la Pêche indique que les captures de cétacés
par les navires français sont essentiellement dues au chalutage pélagique
en bœuf (deux navires traînant un chalut entre eux, principalement
pour la pêche au bar et au thon) et aux filets calés. Plusieurs centaines
d’individus auraient été concernées en 2007.
Outre les problèmes de rejet et de prises accessoires, certaines
techniques de pêche peuvent aussi avoir un impact sur les habitats
benthiques. Ce sont surtout les chaluts de fond à panneaux, les chaluts
à perche et les dragues qui sont concernés. Tous ces engins sont
traînés sur le fond, certaines parties s’enfonçant dans le substrat. Les
panneaux des chaluts creusent des sillons parfois profonds, certains
engins sont munis de grillages en chaînes très impactants et les dragues
raclent le fond sur toute leur largeur. Les conséquences sont nombreuses.
Il y a un remaniement des sédiments fins très important ; les
chalutiers de fond remobiliseraient près de 5 millions de tonnes de
sédiment par an dans le golfe de Gascogne. Ces engins peuvent
augmenter la turbidité de l’eau et libérer des polluants captés par les
12
COM (2007) 136 final : communication de la Commission au Conseil et au Parlement
européen : « Une politique visant à réduire les prises accessoires et à éliminer les rejets
dans les pêcheries européennes ».
13
Règlement (CE) n° 812/2004 du Conseil du 26 avril 2004 établissant des mesures
relatives aux captures accidentelles de cétacés dans les pêcheries.
90 Commissariat général au développement durable • Service de l'observation et des statistiques