de leur impact sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion ; mais se positionne à distance d’actions dont l’objectif affichéest <strong>la</strong> « <strong>protection</strong> » – à c<strong>et</strong> égard il serait intéressant de se demander dans quelles conditions, àquels moments c<strong>et</strong>te distance s’atténue, voire disparaît ; autrement dit, dans quelles situations<strong>MSF</strong> considère ou a considéré normal d’interpeller d’autres acteurs <strong>et</strong> de militer pour qu’ils interviennenten amont des problèmes médicaux qu’elle prend en charge.Le camp comme sanctuaire ? – L’image du camp comme sanctuaire, comme lieu protégé, préservantde menaces extérieures, ressort de <strong>la</strong> description ci-dessus où c’est en sortant chercher de l’eauou du bois que les dép<strong>la</strong>cés sont le plus exposés. Une image qui doit être re<strong>la</strong>tivisée: les camps sontaussi qualifiés de lieux de violence, de «prisons à ciel ouvert», <strong>et</strong> l’existence d’<strong>une</strong> insécurité réelle àl’intérieur est soulignée par certains: « J’ai des difficultés avec c<strong>et</strong>te assertion qui dit que parce qu’ondonne de l’aide on donne de <strong>la</strong> sécurité». «Mornay c’était (…) un lieu de violences» «Aujourd’hui à Zalingeiles hommes sont traqués par les militaires dans les camps, pas besoin d’aller à l’extérieur vers le wadi»(entr<strong>et</strong>ien CdM Darfour) – <strong>une</strong> insécurité certes occultée par celle, plus grande, qui règne tout autourde ces mêmes camps. D’autres contestent c<strong>et</strong>te description, maintenant l’idée du camp comme sanctuaireoù l’on peut déployer de l’aide 99 . Ils s’accorderaient cependant probablement sur le fait qu’assisterdans les camps, c’est perm<strong>et</strong>tre le maintien dans un lieu qui présente <strong>une</strong> moindre insécurité.L’idée de c<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tive sécurité semble n’avoir pas été absente dans le positionnement de <strong>MSF</strong> en mai2006 lorsque le PAM a annoncé <strong>la</strong> réduction de ses rations alimentaires pour cause de financementsinsuffisants. Si c’est le spectre d’<strong>une</strong> catastrophe nutritionnelle qui est mis en avant dans le CP du22mai, les discussions en amont ont fait intervenir l’argument du choix: réduire l’aide alimentairedans les camps serait priver les dép<strong>la</strong>cés du choix d’y rester, les forcer à en sortir, donc à s’exposer à<strong>une</strong> insécurité plus grande. Même si l’équation entre assister <strong>et</strong> protéger n’est jamais pensée niévoquée, on voit bien ici comment l’enjeu de fourniture des secours est articulé avec celui de l’expositionà <strong>la</strong> violence.3 - DANS LA DUREE, MODALITES D’UN ROLE DANS LA VIOLENCE, L’INSECURITE,L’ISOLEMENTA partir de l’été 2004, avec <strong>la</strong> mobilisation intense des secours (à <strong>la</strong>quelle ont contribué lesalertes de <strong>MSF</strong>), <strong>la</strong> situation des dép<strong>la</strong>cés se stabilise re<strong>la</strong>tivement. Début septembre, il est constatéque « nous ne redoutons plus <strong>la</strong> famine qui nous inquiétait » 100 , grâce aux distributions de nourriturequi ont eu lieu. Ce<strong>la</strong> perm<strong>et</strong> à <strong>MSF</strong> d’envisager de se positionner différemment, en réduisantson déploiement sur certains sites, pour avoir <strong>la</strong> capacité à explorer d’autres zones <strong>et</strong> s’investirsur des activités re<strong>la</strong>tivement négligées jusqu’alors («prise en charge des femmes violées, chirurgie »).Les inquiétudes se dép<strong>la</strong>cent : « nos craintes portent maintenant sur les re-localisations depopu<strong>la</strong>tions ».98. Entr<strong>et</strong>iens ex-RT Niertiti, ex-CdM Darfour.99. cf débats dans le cadre du stage Responsables d’opérations, janvier 2007.100. Compte-rendu du CA du 3 septembre 2004.101
AUTOUR DES RE-LOCALISATIONS, L’INQUIÉTUDE POUR LA SÉCURITÉ DES DÉPLACÉS - ÉTÉ 2004 2006Les re-localisations ne sont pas <strong>une</strong> découverte. Déjà évoquées plus tôt par les différenteséquipes qui en ont vu se succéder les rumeurs (cf sitrep Mornay début juin, sans parler de Nya<strong>la</strong>qui en a été <strong>une</strong> concrétisation dès janvier), elles apparaissent sur le site intern<strong>et</strong> de <strong>MSF</strong> enjuin, puis dans le CP du 26 juill<strong>et</strong> : « nous sommes très préoccupés par des rapports selon lesquelsdes dép<strong>la</strong>cés auraient été ramenés dans les camps jusqu’à leurs vil<strong>la</strong>ges (…) Beaucoup de gens ontvraiment très peur ». Pendant l’été, alors qu’il est soumis à <strong>la</strong> pression exercée par <strong>la</strong> mobilisationinternationale avec les références au «génocide » <strong>et</strong> au « n<strong>et</strong>toyage <strong>et</strong>hnique », le gouvernementsoudanais réagit par <strong>la</strong> promotion du r<strong>et</strong>our des dép<strong>la</strong>cés – qui, en tant que politiqueinverse à celle de <strong>la</strong> «purification <strong>et</strong>hnique », est soutenue par les Nations unies : OCHA <strong>la</strong> soutientauprès des ONGs qui sont «increasingly encouraged to redeploy their programs and activities tothese areas [relocation areas] ». Le gouvernement fait circuler des informations sur un «r<strong>et</strong>ourspontané » des dép<strong>la</strong>cés dans leurs vil<strong>la</strong>ges ; l’équipe de Zalingei constate que des dép<strong>la</strong>cés ontété relogés des camps informels qu’ils occupaient vers d’autres en dehors de <strong>la</strong> ville, prélude,semble-t-il, au r<strong>et</strong>our véritable. A El Geneina, des demandes officielles sont adressées aux ONGpar le gouvernement, pour qu’elles développent des activités favorisant le r<strong>et</strong>our 101 . C<strong>et</strong>te problématiquese prolonge tout au long de l’année 2005. Ainsi, un «workshop » perm<strong>et</strong>tant au gouvernementde présenter son « p<strong>la</strong>n » sur le r<strong>et</strong>our des dép<strong>la</strong>cés est organisé début mars 2005 102 .Plusieurs réunions avec les leaders des dép<strong>la</strong>cés sont également organisées ; mais le nombre dedép<strong>la</strong>cés qui rentrent effectivement reste faible.Sans afficher <strong>une</strong> opposition de principe, <strong>MSF</strong> demeure cependant en marge des discussions <strong>et</strong>initiatives autour de c<strong>et</strong> enjeu, exprimant à plusieurs reprises son inquiétude : celle de voir desgens renvoyés vers des lieux où règne <strong>une</strong> plus grande insécurité, où <strong>la</strong> survie matérielle n’estpas assurée, <strong>et</strong> celle de perdre l’accès à <strong>une</strong> popu<strong>la</strong>tion que l’on assiste, c’est-à-dire qui est enquelque sorte entrée dans notre sphère de responsabilité.En ce sens, <strong>MSF</strong> est <strong>une</strong> fois de plus en démarquage avec <strong>la</strong> majorité des agences qui, bienqu’ayant partagé ces préoccupations, s’orientent de plus en plus vers <strong>la</strong> promotion du r<strong>et</strong>our.Comme dans le débat des qualifications autour du «génocide » décrit plus haut, le déca<strong>la</strong>ge sesitue entre différentes lectures d’<strong>une</strong> même situation. Là où <strong>la</strong> communauté internationale décrit<strong>une</strong> politique globale visant à redessiner <strong>la</strong> carte du Darfour en en chassant <strong>et</strong> cantonnant sespopu<strong>la</strong>tions « africaines », <strong>et</strong> appelle à intervenir pour y m<strong>et</strong>tre un terme, <strong>MSF</strong> ne constate pas<strong>une</strong> volonté c<strong>la</strong>ire du gouvernement de m<strong>et</strong>tre les gens dans des camps (puisqu’il veut précisémentles en faire sortir). S’ils sont souvent qualifiés de «prisons à ciel ouvert » par différentsmembres de <strong>MSF</strong>, ces camps sont néanmoins plus sûrs que les vil<strong>la</strong>ges <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent de fournirde l’assistance à un grand nombre de personnes ; ils demeurent en somme <strong>la</strong> moins mauvaisesolution dans <strong>la</strong> situation telle qu’elle se présente.Il faut toutefois remarquer qu’avant d’assumer c<strong>et</strong>te position, <strong>MSF</strong> s’est bien posé <strong>la</strong> <strong>question</strong> de<strong>la</strong> purification <strong>et</strong>hnique <strong>et</strong> de sa responsabilité dans ce cadre ; on note ainsi que les trois-quartsde <strong>la</strong> courte section « Avons-nous exposé les popu<strong>la</strong>tions à des violences supplémentaires » de <strong>la</strong>RCO sont consacrés à « <strong>la</strong> <strong>question</strong> de <strong>la</strong> participation de <strong>MSF</strong> à <strong>une</strong> politique de n<strong>et</strong>toyage <strong>et</strong>hnique »102101. Sitrep général Darfour, 23 août 2004.102. Sitrep général Darfour, février-mars 2005 : « Other NGOs already commit themselves on about the same sort of p<strong>la</strong>n, denyingthe pull impact of their strategy and generally presenting their positioning as an attempt to help those who already r<strong>et</strong>urned»
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