collective », de sensibiliser différents groupes impliqués (victimes ou auteurs de violences).A partir de c<strong>et</strong>te période, les récidives / agressions par personne connue font l’obj<strong>et</strong> d’un traitementparticulier. On voit ainsi apparaître des statistiques sur le profil des agresseurs, sur les récidives116 . On peut également noter que dans les premiers mois de 2007, <strong>la</strong> mention spécifiquede viols sur enfants fait son apparition : «35% de civils, 2 cas de récidives, 2 cas de p<strong>et</strong>ites fillesayant nécessité des soins chir[urgicaux]» «toujours <strong>une</strong> proportion en augmentation de civilsinconnus ou connus, le plus souvent responsables des viols chez les très je<strong>une</strong>s filles» (sitrep médicalmars 2007). De fait, l’attention portée sur les mineures a également crû à <strong>la</strong> suite du passagede <strong>la</strong> directrice juridique : selon le desk, celle-ci a eu le mérite de faire émerger, au sein de <strong>la</strong>violence généralisée qui constitue <strong>la</strong> ‘norme’ pour les équipes en RDC, des formes de violencesqu’il nous faut refuser de considérer comme ‘acceptables’. En somme, elle a posé <strong>une</strong> limite,celle du viol sur enfants, qu’on «ne peut <strong>la</strong>isser passer » (discussion RP desk).S’il y a récolte de données nouvelles, plus ciblées, plus détaillées, les rapports ne contiennentcependant pas d’indications d’actions concrètes par les équipes <strong>MSF</strong>. Il n’y a pas d’institutionnalisationau sens où des procédures seraient mises en p<strong>la</strong>ce afin de traiter différentes situations.Mais toute action entreprise en vue de m<strong>et</strong>tre à l’abri <strong>une</strong> personne précise qui en exprimeraitle besoin ou qui s’inquiéterait de <strong>la</strong> persistance d’un danger est encouragée, soutenue par ledesk : « tant qu’on peut faire quelque chose, on ne va sûrement pas se l’interdire ». Pour les cas individuels,il s’agit d’<strong>une</strong> gestion «au cas par cas, informelle » qui peut consister à soutenir financièrement<strong>la</strong> réinstal<strong>la</strong>tion d’<strong>une</strong> personne ailleurs, à <strong>la</strong> référer à <strong>une</strong> organisation. L’attentionparticulière accordée à <strong>la</strong> problématique des viols sur enfants se traduit aujourd’hui surtout pardes efforts pour les rendre visibles en interne ; il a par exemple été décidé que le médecin devraitsystématiquement être présent dans <strong>la</strong> consultation <strong>et</strong> que ces cas apparaîtraient séparémentdans les rapports. Pour les cas non liés à <strong>une</strong> vulnérabilité spécifique, circonstancielle ou structurelle,les équipes tentent malgré tout des éc<strong>la</strong>irages: « On a essayé de comprendre où les viols sepassaient le plus fréquemment, puisque Rutshuru est sur 4 grands axes routiers, moi je travail<strong>la</strong>isvraiment avec ça pour voir s’il n’y avait pas des corré<strong>la</strong>tions » (entr<strong>et</strong>ien RT Rutshuru).En somme, les limites entre ‘ce qu’on fait’ <strong>et</strong> ce qui excéderait notre champ de légitimité (ousimplement notre champ d’action) ont été dép<strong>la</strong>cées, nous conduisant à inclure dans ce champde nouvelles pratiques liées à <strong>la</strong> récurrence de violences ou à <strong>la</strong> persistance de danger sur <strong>une</strong>personne, sans pour autant les rendre systématiques. Ces pratiques sont très probablement appeléesà changer à mesure que le recueil de données sur ces nouvelles catégories affectera <strong>la</strong> façondont se constitue, sur le terrain <strong>et</strong> au siège, <strong>une</strong> photographie de <strong>la</strong> situation.En ce sens, les développements ci-dessus l’auront <strong>la</strong>rgement montré, le recueil d’informationest au fondement même de <strong>la</strong> volonté de ne pas exposer ou de m<strong>et</strong>tre à l’abri, puis de sa traductionen actes. Sans savoir, sans comprendre, auc<strong>une</strong> situation de danger ou d’exposition à undanger ne peut être prévenue ou gérée. Une volonté de savoir qui est sans cesse r<strong>et</strong>ravaillée,ouvrant de nouveaux espaces d’inquiétude.116. Ainsi: «demande aux terrains de collecter, à partir de maintenant, les données suivantes: récidives de VVS sur des femmes déjàtraitées par <strong>MSF</strong>; (…)» (point Nord Kivu semaine 37, sept 2006). Rubrique VVS: «recueil de témoignages de violences <strong>et</strong>de récidives» «me<strong>et</strong>ing avec Unicef, UNFPA, (…) nous avons abordé le problème des récidives <strong>et</strong> de <strong>la</strong> <strong>protection</strong> en général»(sitrep septembre 2006). «39 cas de récidives ce mois-ci» (sitrep octobre 2006). On remarquera que <strong>la</strong> <strong>protection</strong> est icientendue dans son sens le plus concr<strong>et</strong>, le plus individuel (<strong>protection</strong> de personnes précises identifiées comme étant endanger). Concernant les agresseurs connus, l’information est récoltée mais ne donne pas lieu à un <strong>question</strong>nement systématiquesur <strong>la</strong> probable persistance du danger (discussion RP, ARP desk RDC).125
3 - VIOLENCE, PROTECTION: MEANDRES D’UN POSITIONNEMENTA côté des pratiques concrètes de mise à l’abri ou d’évitement de l’exposition, il nous fautconsidérer à présent les différentes modalités de prise de parole en lien avec les violences. Pourquoiparler, de quoi parler ? Il semble que <strong>la</strong> généralisation <strong>et</strong> <strong>la</strong> chronicité des violences, <strong>la</strong>fragmentation des acteurs, leur absence de visées politiques majeures, atténuent aujourd’huil’idée d’<strong>une</strong> pertinence à se positionner publiquement sur les violences au Nord Kivu. Or, il n’ena pas toujours été ainsi ; en atteste <strong>la</strong> prise de position publique sur l’Ituri en 2003 – qu’elle aitété d’emblée contestée ne doit pas interdire de <strong>la</strong> considérer comme un moment qui nous parlede <strong>MSF</strong>.Alors, changement de contexte, changement de culture ? sans prétendre trancher <strong>la</strong> <strong>question</strong>,nous tenterons de l’éc<strong>la</strong>irer grâce à <strong>la</strong> comparaison entre différents moments de positionnementsur les violences.ARTÉMIS 2003, UNE PRISE DE POSITION PUBLIQUE CONTESTÉEPrésente à Beni depuis fin 2002, <strong>MSF</strong>-F se trouve positionnée à proximité de <strong>la</strong> zone extrêmementinstable qu’est l’Ituri début 2003. Par ailleurs, <strong>MSF</strong>-Suisse est présente à Bunia, qui enest le chef-lieu.Alors que les troupes ougandaises qui occupaient <strong>la</strong> zone prévoient de se r<strong>et</strong>irer le 24 avril 2003,l’inquiétude s’accroît à <strong>MSF</strong> quant à <strong>la</strong> possibilité que les groupes rebelles procèdent à des massacresdans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion sur des critères <strong>et</strong>hniques. Un briefing paper daté du 22 avril est établien amont de démarches de <strong>MSF</strong> auprès du Département des opérations de maintien de <strong>la</strong> paixde l’ONU à New York, démarches qui ont pour objectif d’appeler à <strong>une</strong> augmentation des moyensde l’ONU en vue de <strong>la</strong> «<strong>protection</strong>». Evoquant dans ce document <strong>une</strong> «radicalisation de <strong>la</strong> violence »qui confine à <strong>la</strong> « logique génocidaire », <strong>MSF</strong> exprime sa préoccupation <strong>et</strong> «s’inquiète des mesuresconcrètes prévues pour garantir <strong>la</strong> <strong>protection</strong> des popu<strong>la</strong>tions civiles pendant <strong>et</strong> après le départdes troupes ougandaises ». Le document se réfère aux «graves échecs » des missions de <strong>protection</strong>des popu<strong>la</strong>tions dans des situations du passé (comme le génocide au Rwanda) <strong>et</strong> indique implicitementque <strong>la</strong> situation présente leur est comparable: un moment de négociation d’accord depaix qui peut dégénérer en épisode de violence extrême. Il conclut : «pour éviter que les popu<strong>la</strong>tionsne paient de leur vie le prix d’<strong>une</strong> ambiguïté fatale de <strong>la</strong> mission de l’ONU, <strong>MSF</strong> demande auxEtats impliqués dans le processus de paix que des garanties concrètes soient données quant aux moyenshumains <strong>et</strong> matériels déployés par l’ONU pour assurer efficacement <strong>la</strong> <strong>protection</strong> des popu<strong>la</strong>tionsciviles… » (briefing paper, 22 avril 2003). Une réunion inter-sections a lieu le lendemain; lesparticipants y discutent de l’opportunité de rendre public un rapport sur <strong>la</strong> situation des civilsen RDC. Parmi les arguments pouvant justifier <strong>une</strong> telle initiative, on peut lire : «appuyer <strong>une</strong>demande c<strong>la</strong>ire de renforcement <strong>et</strong> de c<strong>la</strong>rification du mandat de <strong>la</strong> Monuc quant à <strong>la</strong> <strong>protection</strong> despopu<strong>la</strong>tions civiles ».126Début mai, des combats intenses ont lieu à Bunia. Du 9 au 12 mai, ils se généralisent contre lescivils ; des « centaines » de personnes sont tuées, dans un contexte de violence extrême, où sontmobilisées des rhétoriques <strong>et</strong> des motivations <strong>et</strong>hnicistes. Plusieurs ONG procèdent tour à tour
- Page 1 and 2:
LES CAHIERS DU CRASHMSF ET LA PROTE
- Page 3 and 4:
DANS LA COLLECTIONDES CAHIERS DU CR
- Page 5 and 6:
RemerciementsJe tiens à remercier
- Page 7 and 8:
ANNEXESANNEXE 1: 53Etude de cas - T
- Page 9 and 10:
Variété des registres d’abord :
- Page 11 and 12:
négatives, indiquant l’ambivalen
- Page 14 and 15:
I - L’ÈRE DU TÉMOIN - SENTINELL
- Page 16 and 17:
Il n’est pourtant pas certain que
- Page 18:
Dureté des faits du côté des ré
- Page 21 and 22:
Pendant cette période, MSF prend d
- Page 23 and 24:
esponsabilités » (CA octobre 1992
- Page 25 and 26:
la protection des populations civil
- Page 27 and 28:
Ces deux événements uniques, cibl
- Page 29 and 30:
témoignage, d’un côté l’assi
- Page 31 and 32:
30valeur encore accordée à la pr
- Page 33 and 34:
Conséquence de cette volonté de r
- Page 35 and 36:
impose un démarquage mais n’a pa
- Page 37 and 38:
(RM 1999-2000). Un questionnement r
- Page 39 and 40:
Par suite, chez la majorité de ceu
- Page 41 and 42:
les plus instables en leur sein, ce
- Page 43 and 44:
des hommes en armes pénétrèrent
- Page 45 and 46:
De façon similaire, l’idée qu
- Page 47 and 48:
personnes ne pouvant rentrer chez e
- Page 49 and 50:
et visée «de protection». La mis
- Page 51 and 52:
Fruit d’arbitrages complexes, d
- Page 53 and 54:
cet espace qui devient parfois celu
- Page 55 and 56:
PROLOGUE - 1996, AVANT L’AVANCEE
- Page 57 and 58:
PROLOGUE - 1996, AVANT L’AVANCÉE
- Page 59 and 60:
les violences sont évoquées en fi
- Page 61 and 62:
- Alors que la pression des ONG (et
- Page 63 and 64:
autres occasions : d’une part, l
- Page 65 and 66:
ou produites): la moindre évidence
- Page 67 and 68:
il a failli) : «face à ce bilan p
- Page 69 and 70:
détourné : « Deux jours plus tar
- Page 71 and 72:
éfugiés ont à dire» «MSF n’a
- Page 73 and 74:
éléments objectifs, validés. La
- Page 75 and 76: La tension entre présence et parol
- Page 77 and 78: l’apogée des tensions inter-sect
- Page 79 and 80: et les limites du processus de rapa
- Page 81 and 82: EPILOGUEDE LA CONSOLIDATION DES INF
- Page 84 and 85: ANNEXE N ° 2 / ÉTUDEDECASINTERVEN
- Page 86 and 87: Comme dans le document sur la « Tr
- Page 88 and 89: d’assistance dans les villages pr
- Page 90 and 91: MORNAY, AU CŒUR DES VIOLENCES, UNE
- Page 92 and 93: Cet appel à prendre ses responsabi
- Page 94 and 95: C’est ensuite autour du poids res
- Page 96 and 97: déplacés fuient les «attaques de
- Page 98 and 99: importants. Selon leur conception d
- Page 100 and 101: embarrassante (celle par les tenant
- Page 102 and 103: de leur impact sur la population ;
- Page 104 and 105: (p.57-60). La question a donc été
- Page 106 and 107: situation. Nous prolongerons les re
- Page 108 and 109: LE DÉBAT AUTOUR DES VICTIMES PRIOR
- Page 110 and 111: ANNEXE N ° 3 / ÉTUDEDECASPRISE EN
- Page 112 and 113: La présente étude de cas porte su
- Page 114 and 115: Promesses non tenues - un semblant
- Page 116 and 117: logistique. Le projet Kayna, dont l
- Page 118 and 119: part, en dehors de ces moments sail
- Page 120 and 121: 2 - ACTES, PRATIQUES, AUTOUR DE / F
- Page 122 and 123: violer / être exclue par mon mari
- Page 124 and 125: Concrètement, nous parlons ici de
- Page 128 and 129: à des appels : le 12 mai, Oxfam ap
- Page 130 and 131: éclairer la suite. Il nous semble
- Page 132 and 133: A chaque fois, ils voient mal quell
- Page 134 and 135: le coordinateur Nord Kivu disait é
- Page 136 and 137: ANNEXE N ° 4OCCURRENCES DE MOTS-CL
- Page 138 and 139: le problème réel n’est pas celu
- Page 140 and 141: CA 2 mars 2001 :Guinée-Sierra Leon
- Page 142 and 143: faut dénoncer les atteintes au dro
- Page 144 and 145: coller le plus possible au médical
- Page 146 and 147: OCCURRENCES DU MOT «CIVILS / POPUL
- Page 148 and 149: RM 2000-2001 :« L’intervention m