à des appels : le 12 mai, Oxfam appelle les Nations unies à «protéger <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion ». Les 8 <strong>et</strong> 21mai, Human Rights Watch (HRW) réitère ses demandes de déploiement d’<strong>une</strong> force rapide enIturi : « seule <strong>une</strong> intervention d’urgence peut m<strong>et</strong>tre fin à ces massacres continus». Le 22 mai, Merlinsoutient <strong>la</strong> réponse coordonnée en Ituri. Le 30 mai, Oxfam demande le déploiement immédiatd’<strong>une</strong> force de réaction rapide. Le 6 juin, HRW adresse <strong>une</strong> l<strong>et</strong>tre au Conseil de sécurité de l’ONUdemandant <strong>une</strong> intervention rapide pour <strong>la</strong> <strong>protection</strong> des civils <strong>et</strong> <strong>la</strong> cessation de l’impunité,ainsi qu’un renforcement du mandat. Du côté de <strong>MSF</strong>, un briefing a lieu auprès de membres duState Department <strong>et</strong> du Conseil de sécurité, où l’idée d’<strong>une</strong> imminence, du risque du ‘trop tard’est mise dans <strong>la</strong> ba<strong>la</strong>nce : « to brief them on the situation and remind them that if they don’t act now,they will be left to count the bodies (remember Rwanda / Arusha tribunal and Srebrenica) » (Chargéede communication <strong>MSF</strong>-F, update téléconférence, 15 mai 2003).Finalement, l’envoi d’<strong>une</strong> force intérimaire pilotée par l’Union européenne est décidé par leConseil de sécurité ; le déploiement des forces françaises qui <strong>la</strong> composent commence débutjuin. C<strong>et</strong>te force, dénommée Artémis, a pour mandat de sécuriser <strong>la</strong> ville de Bunia jusqu’à septembre.Un déca<strong>la</strong>ge apparaît alors entre sections, <strong>et</strong> au sein d’elles, entre différentes conceptions dupositionnement public de <strong>MSF</strong> – face aux media d’abord, puis au cours de l’é<strong>la</strong>boration d’unrapport sur <strong>la</strong> situation des civils en Ituri, début juill<strong>et</strong>.L’idée d’un rapport émane de <strong>MSF</strong>-F qui, du fait de sa présence à Beni, porte secours à des personnesayant fui Bunia. Toutes les sections sont cependant impliquées. Une collecte de témoignagesest effectuée auprès de ces dép<strong>la</strong>cés sortant de <strong>la</strong> forêt ; tous décrivent <strong>une</strong> situation de violencesextrêmes, délibérées, voire systématisées, ce qui suscite le sentiment chez beaucoup d’<strong>une</strong>urgence à alerter – où nécessité de transm<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> parole <strong>et</strong> volonté de prévenir de nouvellesviolences sont probablement entremêlées 117 .Le premier draft du rapport, qui procède de ce sentiment d’urgence, <strong>la</strong>isse <strong>une</strong> grande part à <strong>la</strong>description des violences subies, <strong>et</strong> affirme c<strong>la</strong>irement le besoin de davantage de <strong>protection</strong>, doncd’augmentation des moyens de <strong>la</strong> force internationale: les tentatives de résolution du conflit dansle cadre de l’ONU «doivent prévoir <strong>une</strong> capacité réelle de <strong>protection</strong> des popu<strong>la</strong>tions menacées» car«les conflits récents au cours desquels des forces d’interposition de l’ONU ont été déployées nous enseignentqu’elles ne sont nullement <strong>une</strong> garantie de sécurité pour les popu<strong>la</strong>tions, si elles ne sont pas auservice d’<strong>une</strong> politique soucieuse de sécurité»; <strong>la</strong> communauté des Etats «doit se préoccuper de protégeren urgence les personnes les plus menacées». Pour finir, le rapport qualifie <strong>la</strong> présence internationalede «cosmétique», puisqu’elle n’a pas permis «d’empêcher les massacres <strong>et</strong> atrocités»: <strong>la</strong>Monuc a démontré «son incapacité à garantir <strong>une</strong> quelconque <strong>protection</strong> pour les civils» <strong>et</strong> <strong>la</strong> forceintérimaire a un mandat inadéquat. La dernière partie souligne que «les initiatives internationales,qu’elles visent à <strong>une</strong> résolution politique de <strong>la</strong> crise ou à <strong>la</strong> mise en application d’accords de paix,doivent avoir pour absolue priorité <strong>la</strong> <strong>protection</strong> des popu<strong>la</strong>tions» (draft, juill<strong>et</strong> 2003).Les échanges autour de ce draft, qui est relu par toutes les sections, font apparaître des attentesdivergentes envers le futur rapport. A peu près tous s’accordent sur l’objectif qu’est l’obtentionde « plus de <strong>protection</strong> », mais le contenu précis du message à faire passer varie. Pour <strong>MSF</strong>-H,c’est sur l’idée d’un renforcement de <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>et</strong> son application concrète (le mandat de <strong>la</strong>force internationale) qu’il faut insister, plutôt que sur un constat négatif donnant l’impression117. Recueil effectué par <strong>la</strong> chargée de comm’ <strong>MSF</strong>-F. On notera qu’ici, comme constaté ailleurs, <strong>la</strong> volonté de prendre positionpubliquement va de pair avec <strong>une</strong> re<strong>la</strong>tive distance d’avec le ‘cœur de l’action’ (Bunia). C’est <strong>MSF</strong>-F, non <strong>MSF</strong>-CH,qui a l’initiative première.127
qu’auc<strong>une</strong> action ne peut réussir 118 . A <strong>MSF</strong>-F, les auteurs du draft, après avoir rappelé qu’à côtéde <strong>la</strong> <strong>protection</strong>, l’augmentation de l’assistance est également un objectif à court terme, insistenten particulier sur <strong>la</strong> pertinence pour <strong>MSF</strong> de rappeler à <strong>la</strong> communauté internationale ledéca<strong>la</strong>ge entre discours <strong>et</strong> réalité 119 . D’autres enfin, à <strong>MSF</strong>-F <strong>et</strong> ailleurs, critiquent l’aspect «droitsde-l’homme» du rapport, que rien ne distinguerait d’un «rapport HRW ».Au final, le rapport est remanié dans le sens d’un point de vue beaucoup plus affirmé sur l’interventioninternationale, <strong>et</strong> innervé de bout en bout par l’idée de l’illusion, des fausses promesses. Le titredu rapport final, Ituri, promesses non tenues ? un semb<strong>la</strong>nt de <strong>protection</strong> <strong>et</strong> <strong>une</strong> assistance inadéquate(25 juill<strong>et</strong>) est à c<strong>et</strong> égard par<strong>la</strong>nt 120 . Le mot de « <strong>protection</strong> » apparaît en négatif, pour pointerle manque ou l’insuffisance: « <strong>MSF</strong> souhaite souligner l’incapacité des récents déploiements militairesà protéger réellement les popu<strong>la</strong>tions civiles en Ituri… »«<strong>la</strong> Monuc (…) n’a pas eu les moyensd’empêcher les massacres… ». La seule mention ‘positive’ de <strong>la</strong> <strong>protection</strong> est formulée au passé :« En avril, <strong>MSF</strong> avait d’ailleurs demandé au DPKO de l’ONU de prendre des mesures concrètes pourgarantir <strong>la</strong> <strong>protection</strong> des popu<strong>la</strong>tions civiles… ». Une façon de souligner encore l’absence dedétermination politique, voire le cynisme d’Etats qui sont au courant mais n’ont rien fait pouragir à temps. La demande formulée est donc, non d’augmenter <strong>la</strong> <strong>protection</strong>, mais de s’abstenirde tromper les popu<strong>la</strong>tions : « témoin de ces douloureuses expériences [Rwanda <strong>et</strong> Bosnie], <strong>MSF</strong>demande instamment à <strong>la</strong> communauté internationale de ne pas donner <strong>une</strong> fois de plus de dangereuseillusion de <strong>protection</strong> à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion civile d’Ituri. Quelles que soient ses décisions à venir sur <strong>la</strong>forme <strong>et</strong> le mandat du dispositif international en Ituri, <strong>MSF</strong> appelle le conseil de sécurité à respecterpleinement ses promesses… ». Le CP paraissant le même jour dénonce « l’absence de <strong>protection</strong> »<strong>et</strong> « l’absence de volonté politique de <strong>la</strong> communauté internationale ».Le rapport fait assez vite l’obj<strong>et</strong> de critiques en interne concernant son insistance sur <strong>la</strong> défail<strong>la</strong>ncede l’ONU au dépens d’<strong>une</strong> description plus nuancée de <strong>la</strong> réalité. Fin août 2003, de r<strong>et</strong>our deRDC où il a constaté les réactions au rapport (dont il a suivi l’é<strong>la</strong>boration), un membre du CAsouligne : « il faut noter très c<strong>la</strong>irement (ce que, à mon avis, le rapport <strong>MSF</strong> du 25 juill<strong>et</strong> n’a pas faitassez n<strong>et</strong>tement) que <strong>la</strong> présence de <strong>la</strong> force internationale intérimaire a réellement fait cesser lesexactions des milices en armes pendant <strong>la</strong> journée dans Bunia » (compte-rendu du CA, 29 août2003). Les tensions générées par le rapport sur le terrain, les vives réactions de <strong>la</strong> part du ministèrede <strong>la</strong> Défense français, ont pu contribuer au désaveu dont il fait l’obj<strong>et</strong> après coup. Aujourd’hui,l’impact <strong>et</strong> l’intérêt du rapport sont contestés, du fait même qu’il n’a pas fait l’unanimitélors de sa sortie 121 . L’épisode nous paraît néanmoins intéressant à de nombreux égards pour128118. « The international community should do its utmost to guarantee <strong>protection</strong> of the civilians mostly threatened by violence»;« <strong>la</strong>st paragraph on page 3 might give the impression that nothing is enough not can be done (sic) while we should stress [that]som<strong>et</strong>hing needs to be done!!» « one immediate issue (…) is what the new mandate of Monuc will look like» (<strong>une</strong> membredu HAD, <strong>MSF</strong>-H, 1 juill<strong>et</strong> 2003).119. Le desk <strong>MSF</strong>-F prône de ne pas faire de prescriptions précises, tab<strong>la</strong>nt sur <strong>la</strong> pression que l’opinion publique ne manquerapas d’exercer, mais « in the meantime we go straight to some implicated political bodies to recall them that we will be on theirback every time they will pr<strong>et</strong>end to act for the <strong>protection</strong> and assistance, and they won’t, or won’t do enough» (mail deskRDC, 2 juill<strong>et</strong>). D’autres personnes impliquées au siège « doute[nt] de <strong>la</strong> pertinence de publier un rapport sur l’Ituri sanspositionnement sur le mandat de <strong>la</strong> force de <strong>protection</strong> » à ce stade, alors que <strong>la</strong> médiatisation est déjà réelle (mail adjointresponsable juridique, 12 juill<strong>et</strong>).120. Les modifications des autres titres le sont également: <strong>la</strong> partie 1, initialement intitulée «<strong>la</strong> guerre <strong>et</strong> <strong>la</strong> terreur, avant le moisde mai», devient «<strong>une</strong> force internationale intérimaire en renfort: promesses non tenues?». La partie 2, «<strong>la</strong> guerre dans Bunia:<strong>une</strong> vague de violence qui submerge toute <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion» devient «<strong>la</strong> guerre au temps de <strong>la</strong> Monuc», <strong>et</strong>c.121. Pourtant, l’é<strong>la</strong>boration de ce rapport, si elle a pu être sinueuse, n’a pas été c<strong>la</strong>ndestine (le fait que le rapport soit sorti en pleinesvacances d’été est souvent mentionné pour le suggérer). Certes, il semble que le desk a été <strong>la</strong>issé seul avec pour tâche definaliser le rapport à partir des critiques sur l’orientation trop «droits de l’homme» du draft; ceci ne signifie cependant pas queles personnes impliquées aient été tenues à l’écart des dernières versions (discussion chargée de comm’). On peut égalementpenser que le rapport a souffert d’<strong>une</strong> absence de légitimité liée à l’absence d’<strong>une</strong> personne d’autorité pour le porter.
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