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Judith Soussan, "MSF et la protection, une question réglée?"

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logistique. Le proj<strong>et</strong> Kayna, dont le contenu a évolué vers des «activités de soins secondairesmédicales <strong>et</strong> chirurgicales dans l’hôpital de Kayna », a pour objectif en 2006 « <strong>la</strong> prise en chargedes urgences médicales <strong>et</strong> chirurgicales des popu<strong>la</strong>tions affectées par les violences » (ma<strong>la</strong>des <strong>et</strong> blessésdans l’hôpital ; prise en charge des enfants malnutris ; prise en charge des victimes de violencessexuelles <strong>et</strong> IST à Kayna <strong>et</strong> Kaynabayonga ; surveil<strong>la</strong>nce épidémiologique ; <strong>et</strong>c). Un nouveauproj<strong>et</strong>, Rutshuru, a été ouvert dans l’année écoulée. Son objectif général pour 2006 estrigoureusement identique à celui de Kayna, ses objectifs spécifiques simi<strong>la</strong>ires (prise en chargedes blessés <strong>et</strong> ma<strong>la</strong>des dans l’hôpital de Rutshuru ; transferts ; soins de santé primaires dans unp<strong>et</strong>it centre de santé proche de Rutshuru ; VVS ; réponse aux urgences).Enfin, dans <strong>la</strong> fiche proj<strong>et</strong> 2007, le contexte-pays est qualifié d’«instabilité interne ». Le proj<strong>et</strong>de Beni (à propos duquel il est précisé «raison d’intervention: victimes directes / indirectes deconflit ») a été fermé en 2006. Le proj<strong>et</strong> Kayna, dont les «raisons d’intervention » sont identiques,doit être discuté à mi-année en vue d’<strong>une</strong> probable ferm<strong>et</strong>ure. Rutshuru («raisons d’intervention »identiques également) conserve le même objectif général que l’année précédente, «assurer <strong>la</strong>prise en charge des urgences médicales <strong>et</strong> chirurgicales des popu<strong>la</strong>tions affectées par les violences».Un nouveau proj<strong>et</strong>, Nyanzale, a vu le jour fin 2006 : «raison d’intervention: victimes directes deconflit (violences sexuelles à Nyanzale <strong>et</strong> région de Bwito) », avec pour objectif de « perm<strong>et</strong>tre <strong>une</strong>prise en charge efficace <strong>et</strong> de qualité des urgences médicales des popu<strong>la</strong>tions affectées par les violences»(VVS, malnutrition, pics de paludisme, réponse aux urgences).L’ÉMERGENCE DE LA VIOLENCE AU CENTRE DU PROJET <strong>MSF</strong> AU NORD KIVUSi <strong>la</strong> revue des objectifs est à <strong>la</strong> fois fastidieuse <strong>et</strong> nécessairement caricaturale, elle a cependantl’intérêt de faire émerger les moments d’<strong>une</strong> lente inflexion des formu<strong>la</strong>tions de l’interventionde <strong>MSF</strong> au Nord Kivu.Ainsi jusqu’à fin 2003, le contexte général est celui du conflit, <strong>et</strong> en son sein l’action de <strong>MSF</strong> est assezconventionnelle, au sens où elle cible ceux que l’humanitaire a traditionnellement assistés dans sonhistoire: les dép<strong>la</strong>cés ou réfugiés. Il s’agit de prendre en charge les conséquences sanitaires du conflitcomme cause de vulnérabilité, en fournissant <strong>une</strong> assistance médicale aux plus touchés. D’où <strong>une</strong> activitémédicale axée sur les soins de santé primaire, <strong>la</strong> vaccination, <strong>la</strong> nutrition, l’intervention en urgence.La volonté opérationnelle de se rapprocher des zones marquées par des violences est cependant déjàprésente: «après des années de vraies difficultés <strong>et</strong> d’échecs, l’ouverture <strong>et</strong> <strong>la</strong> stabilisation de missions sur leslieux de violences sont devenues réalités. Pour ces deux dernières années, entre le Katanga <strong>et</strong> l’est de <strong>la</strong> RDC,le travail s’est beaucoup amélioré» (synthèse du point RDC, CA du 26 septembre 2003).Fin 2004, le mot « violences » apparaît dans <strong>la</strong> description du contexte <strong>et</strong> dans <strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tion del’objectif de Kayna (les VVS <strong>et</strong> les blessés figurent au premier p<strong>la</strong>n des objectifs spécifiques,devant <strong>la</strong> malnutrition). C<strong>et</strong>te nouveauté est confirmée par <strong>la</strong> suite, fin 2005 <strong>et</strong> 2006, avec <strong>la</strong>prégnance des références aux « violences sur les popu<strong>la</strong>tions », aux personnes « affectées par »,« victimes directes / indirectes », tandis que « guerre » est remp<strong>la</strong>cé par « instabilité interne » dansle « contexte d’intervention » fin 2006 111 .111. En somme, on note <strong>une</strong> sorte de dép<strong>la</strong>cement de centre de gravité, du conflit (comme contexte) vers <strong>la</strong> violence (commecontexte général <strong>et</strong> comme phénomène précis, atteinte physique à <strong>une</strong> personne). Un constat qui ne doit pas dissimulerl’é<strong>la</strong>sticité des termes: «victime directe de conflit» <strong>et</strong> «de violence» apparaissent souvent comme interchangeables; ainsi,victime directe de conflit pourra alternativement signifier «dép<strong>la</strong>cé» (c’est-à-dire affecté directement par les conséquencesdes combats) ou blessé (c’est-à-dire victime directe de violence)… Dans c<strong>et</strong>te étude, on entendra par victime directe(de conflit, violence) toute personne atteinte physiquement, <strong>et</strong> par indirecte les dép<strong>la</strong>cés, malnutris, <strong>et</strong>c.115

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