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Judith Soussan, "MSF et la protection, une question réglée?"

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2 - ACTES, PRATIQUES, AUTOUR DE / FACE A LA VIOLENCELe cadre général dans lequel s’inscrit le proj<strong>et</strong> <strong>MSF</strong> au Nord Kivu, positionnement au plusprès de <strong>la</strong> violence <strong>et</strong> prépondérance de l’opérationnel / médical, a donc été posé. Que se pass<strong>et</strong>-i<strong>la</strong>lors concrètement dans ce contexte ? Quelles pratiques sont-elles déployées, quels actesmis en œuvre, face aux menaces de violences, dangers, violences constatées, auxquels les équipessont confrontées ? Y a-t-il <strong>une</strong> p<strong>la</strong>ce pour des pratiques qui, à côté du soin, auraient à voir avecun souci d’atténuation, d’évitement, d’empêchement de ces violences ? Si oui, sont-elles simplementtolérées, bornées, ou encouragées ? Où les limites sont-elles alors p<strong>la</strong>cées <strong>et</strong> par qui ? Tellessont les <strong>question</strong>s qui ont fondé <strong>une</strong> distinction entre des actes relevant d’un prolongement dusoin ; des pratiques déployées en lien avec des situations étrangères au soin, ensuite ; <strong>et</strong> enfin,différentes modalités de prise de parole, ce qui sera l’obj<strong>et</strong> de <strong>la</strong> troisième partie.LE SOUCI DE LA SÉCURITÉ DANS LA SPHÈRE DU SOINDans le contexte nord-kivutien de généralisation des violences, dans le cadre <strong>MSF</strong> de priseen charge médicale des victimes de violences, émergent de nombreuses situations où les équipessont directement confrontées à <strong>la</strong> <strong>question</strong> du danger qui pèse sur les personnes. Il nous estapparu que par extension, <strong>MSF</strong> s’est mis à considérer comme relevant de sa responsabilité certainsmoments autour de celui du soin. Le souci de <strong>la</strong> sécurité dans le soin, de <strong>la</strong> non-exposition autourdu soin, donne lieu à <strong>une</strong> série d’actes qui, au fil de <strong>la</strong> maturation du proj<strong>et</strong>, sont systématisésen procédures. La problématique des victimes de violences sexuelles en fournira <strong>la</strong> majorité desexemples.La sécurité dans l’acte même du soin est un premier élément donnant lieu à réflexion, puissystématisation ; pour les « VVS » elle s’articule autour des <strong>question</strong>s spécifiques de <strong>la</strong> confidentialité<strong>et</strong> du certificat.La confidentialité se trouve au cœur des discussions concernant les victimes de violence sexuelle.Elle est étroitement liée à l’enjeu de ne pas m<strong>et</strong>tre en danger <strong>la</strong> patiente : dans ce contexte d’<strong>une</strong>violence subie, il s’agit de ne pas divulguer <strong>une</strong> information qui ferait peser, outre les risquesde <strong>la</strong> stigmatisation <strong>et</strong> du rej<strong>et</strong> par le mari (que peut également comporter <strong>une</strong> ma<strong>la</strong>die), celuide représailles de l’agresseur 113 . A partir de 2005, quand le proj<strong>et</strong> prend de l’ampleur, on trouvedans les rapports des éléments c<strong>la</strong>irs visant à préserver c<strong>et</strong>te confidentialité : «<strong>la</strong> section Protectionde <strong>la</strong> Monuc nous a sollicités afin que nous leur transm<strong>et</strong>tions des infos nominales sur les VVSafin de m<strong>et</strong>tre à jour <strong>une</strong> base de données (…) auc<strong>une</strong> transmission de données nominales ne serafaite. Respect de <strong>la</strong> confidentialité qui est <strong>une</strong> des conditions essentielles dans ce type d’activité (…)tous les documents sont remis à <strong>la</strong> patiente, si elle le désire … » (sitrep général avril 2005). Onnotera au passage le paradoxe qui veut que ce soit précisément au nom de <strong>la</strong> «<strong>protection</strong> » que<strong>la</strong> Monuc demande ces données, ce qui, pour <strong>MSF</strong>, est précisément contraire à <strong>la</strong> sécurité despatient(e)s. On peut également remarquer que dans ce cadre intervient <strong>une</strong> individualisation113. C’est pourquoi <strong>la</strong> confidentialité est, à juste titre, le plus souvent associée à l’idée de l’accès pour les victimes: <strong>la</strong> perceptiond’un danger découragerait d’emblée <strong>la</strong> patiente de consulter.119

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