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Judith Soussan, "MSF et la protection, une question réglée?"

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éfugiés ont à dire» «<strong>MSF</strong> n’a pas de preuve visuelle de première main de gens en train d’être massacrés(…) Voir des fosses comm<strong>une</strong>s n’est <strong>la</strong> preuve de rien (…) Les seules preuves que <strong>MSF</strong> peut fournir enrestant crédible sont des preuves médicales, en particulier depuis le déficit de crédibilité que nous avonsenregistré sur <strong>la</strong> crise post-Kivu de septembre à décembre 1996» (mémo, 9 avril). Elle préconise doncde briefer des journalistes sur les charniers afin qu’ils fassent <strong>la</strong> recherche eux-mêmes, de contacterdes ONGs de droits de l’homme pouvant faire un travail médico-légal, de prendre conseil auprès duterrain avant quelque prise de parole publique que ce soit.Autour du 10 avril, <strong>MSF</strong>-Hol<strong>la</strong>nde établit un «p<strong>la</strong>n de <strong>protection</strong> » fondé sur <strong>une</strong> « advocacy confidentielle». L’objectif énoncé est d’assurer <strong>la</strong> <strong>protection</strong> des popu<strong>la</strong>tions à risque ; améliorer «l’accèsopérationnel afin de faire baisser <strong>la</strong> mortalité ». Il se décline en objectifs « d’influencer » l’AFDL,le Rwanda <strong>et</strong> l’Ouganda afin de «contrôler les vio<strong>la</strong>tions » ; de contacter les gouvernements occidentauxsur l’accès <strong>et</strong> les massacres, pour qu’ils influencent ces acteurs afin «d’assurer <strong>une</strong> <strong>protection</strong>adéquate » des réfugiés <strong>et</strong> résidents ; de raviver les activités de <strong>protection</strong> du HCR ; d’assurerle maintien de ces <strong>question</strong>s à l’ordre du jour (presse), <strong>et</strong>c.La mise en œuvre commence avec des rencontres au plus haut niveau : Conseil de sécurité le16 avril, représentant spécial des Grands Lacs, briefings de l’équipe explo à des représentantsdes gouvernements occidentaux, de l’Union européenne… En introduction à ces rencontres,cinq «points d’inquiétude» sont présentés par <strong>MSF</strong>-H : le manque d’accès, le manque de <strong>protection</strong>,l’utilisation de l’aide comme appât, <strong>la</strong> nécessité de faire pression sur Kabi<strong>la</strong>, <strong>et</strong> enfin <strong>la</strong> nécessitéde s’assurer qu’<strong>une</strong> commission d’enquête sur les vio<strong>la</strong>tions des droits de l’homme soit bien miseen p<strong>la</strong>ce. L’insistance sur les faits, l’idée d’un témoignage basé sur <strong>la</strong> présence, <strong>la</strong> prudence surles éléments non objectivement confirmés, demeurent de mise (en atteste le briefing serré dispensépar le siège au coordinateur de <strong>la</strong> mission explo qui doit intervenir dans ces rencontres à hautniveau).Au même moment, le rapport Shabunda est finalisé <strong>et</strong> envoyé aux autres sections. <strong>MSF</strong> Belgique,qui a des équipes sur le terrain, conteste <strong>la</strong> forme du rapport, décrit a posteriori comme «faible »,« mal écrit »(«ce n’est pas parce que l’histoire s’est avérée que chaque fois qu’on a ce type d’indice,on peut témoigner », entr<strong>et</strong>ien DirOp <strong>MSF</strong>-B). Elle tente d’empêcher <strong>MSF</strong>-H d’aller rencontrerles personnes dans le cadre de son p<strong>la</strong>n d’advocacy. <strong>MSF</strong>-H suspend tout lobbying auprès dejournalistes « en raison des objections de <strong>MSF</strong>-B (<strong>la</strong> sécurité de l’équipe de Kigali pourrait êtrecompromise)(…) AUCUN JOURNALISTE NE SERA BRIEFE, AUCUN NE RECEVRA LE RAPPORT » (Pointcommunication, <strong>MSF</strong>-H, 18 avril).<strong>MSF</strong>-France, à l’inverse, est extrêmement choquée que des informations aussi décisives n’aientpas amené <strong>MSF</strong>-H à alerter les autres sections <strong>et</strong> réagir : « ce<strong>la</strong> veut dire que plus d’un mois aprèsles faits, auc<strong>une</strong> décision concrète ni opérationnelle ni publique n’a été prise sur <strong>la</strong> base d’<strong>une</strong> informationcomme celle-là ! je suis atterrée » (entr<strong>et</strong>ien Responsable juridique <strong>MSF</strong>-F) ; «ce qui faitsortir de <strong>la</strong> rumeur ce genre de suj<strong>et</strong> c’est quand <strong>une</strong> institution assume de dire qu’elle le croit vrai <strong>et</strong>assume de fournir les arguments avec lesquels elle étaye ses convictions. Auc<strong>une</strong> des institutionsconcernées, ni le HCR (…) ni le CICR, ni <strong>MSF</strong>-Hol<strong>la</strong>nde, n’a assumé sa position publiquement surun suj<strong>et</strong> aussi fondamental » (J-H Bradol, DirCom <strong>MSF</strong>-F).70A partir de ce moment, les différentes sections vont se confronter au quotidien sur les décisionsde stratégie : v<strong>et</strong>o de <strong>MSF</strong>-H sur un communiqué de presse sur le présent (afin de donner auxéquipes le temps de s’organiser), v<strong>et</strong>o de <strong>MSF</strong>-B sur le rapport Shabunda (levé après remaniement

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