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Jamais moi sans toi

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M AIN BASSE SUR L’ INTERSUBJECTIVITÉ 109<br />

© Dunod –Laphotocopienon autorisée est un délit<br />

cartésien.Ceseraitune «doctrine »quiisolel’êtredelanature, dumilieu<br />

social et enfin de lui-même, c’est-à-dire desa propre subjectivité. Il<br />

convientd’admettre, disentStolorow et al. ( op. cit.), quelesujets’insère<br />

danscescontextesla vie durant,pasuniquementaudébut de la vie.Leurs<br />

travaux (1992, 2002)vonttraquerle mythe du sujetisolé dansla pensée<br />

de Freud, ses disciples directs et continuateurs. Les auteurs seservent<br />

fréquemment de l’his<strong>toi</strong>re des analystes et des philosophes pour montrer<br />

que leur obstination àrester fidèles au modèle individualiste ytrouve<br />

une origine. Cettecritiquen’épargne personne, même lespsychanalystes<br />

constructivistescomme R. Schafer(1976)ouinterpersonnels,considérés<br />

pour des raisons différentes comme insuffisamment dégagés de la<br />

psychologie individualiste. Analyste etmaître deSokolow, H.Kohut<br />

(1971)est l’undesraresàêtreépargné de cetteentreprisededémolition,<br />

en partie néan<strong>moi</strong>ns, parce qu’il sera aussi critiqué àpropos de sa vision<br />

de la «structure »psychique. Kohut avance l’idée que leself peut être<br />

àlafois objet d’une fragmentation et appelé àlaréparer. Leself ne<br />

peut agir tout seul, insistent-ils,tandisqueKohut laisseentendrequele<br />

self saura devenir «l’agent actif »de sa propre réparation, qu’il serait<br />

capable d’autonomie et en conséquence d’apparaître isolé dumilieu et<br />

non pasen interdépendanceavec lui.<br />

Tout cela légitime aux yeux des auteurs qu’ils entreprennent une<br />

remise enquestion radicale denombre d’idées traditionnelles, même<br />

si l’on peut constater que, dans leur démarche, ils tombent dans les<br />

travers de la méthode explicativedénoncée parlesanalystesherméneutes<br />

(Stolorow et Atwood, 2002, op. cit.). Cela étant, ilconvient de saluer un<br />

no<strong>toi</strong>re effort d’éclaircissement qui aboutit àune série de propositions<br />

originalescohérentesavec lesviséesde l’intersubjectivité.<br />

Ainsi est révisée la théorie topique-structurelle deFreud ;l’appareil<br />

psychique n’est plus accepté ;le sur<strong>moi</strong> etl’idéal du<strong>moi</strong> sont écartés,<br />

sous prétexte que Freud usait de métaphores et qu’il les transformait<br />

en modèles de fonctionnement par trop «réductionnistes ». L’appareil<br />

psychique, une métaphore spatiale àl’origine, serait dépeint par ce<br />

dernier comme enfermé sur lui-même etéloigné ainsi del’expérience<br />

vitale ;une machine en somme. Ils lui reprochent son penchant à<br />

cloisonnerle psychisme du monde et àl’intérieur de soi-même.<br />

Je ne crois pas que cela soit le cas ;l’interfonctionnalité entre les<br />

instances est donnée comme l’une des caractéristiques des théories<br />

freudiennes successives de l’organisation dupsychisme. Plus correcte<br />

semble la critiquedel’absence de théorie sur le lien intersubjectif chez<br />

Freud. Il convient de noter ici que B.Brusset (2006, op. cit.)reprend<br />

la métaphorisation spatiale pour proposer une nouvelle topique, qui

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