Jamais moi sans toi
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166 C LINIQUE ET PRATIQUE<br />
Certaines de ces his<strong>toi</strong>res sont des contes apparemment éloignés du<br />
sujet qui préoccupe les patients, parfois carrément extravagants, mais<br />
dans tous les cas ils introduisent des alternatives àlasituation. On ne<br />
peut exclure des interprétations implicites dans cette métaphorisation,<br />
qui vontproduireune forteimpression sur lespatients.<br />
Pour le thérapeute narratif, la manière dont le patient expose ses<br />
difficultés est prioritaire ;cela relègue ausecond plan les difficultés<br />
elles-mêmes.Cetteprésentationn’exclut pasde prendreencompte qui<br />
se présente àla consultation, des voisins ou des professionnels, lecas<br />
échéant (Anderson et Goolishan, 1988). Ils sont tous concernés par la<br />
situation àdes degrés divers et contribuent àl’entretenir par leurs avis<br />
(discours), voire àlafonder, même s’ils disent être venus juste pour<br />
accompagner l’enfant ou la famille. Une fois la conversation entamée,<br />
on reconnaît que les changements dans le propos sont nombreux et<br />
imprévisiblespour beaucoup, et qu’ilscontribuentàcréer une nouvelle<br />
atmosphèrethérapeutique.<br />
Bien queledéveloppementde la capacitédeseracontersoitprioritaire,<br />
certains thérapeutes sedonnent des buts plus larges (Epston et White,<br />
1992). Ils encouragent les patients àse détacher de ces personnages<br />
etde ceshis<strong>toi</strong>res«quilesappauvrissent ». Lesaidantde préférence à<br />
s’affranchirdesrelationsauxquelleslespatients «sontassujettis », ilsles<br />
stimulent afin qu’ils redeviennent «les auteurs de leurs vies, enfonction<br />
de connaissances/his<strong>toi</strong>res alternatives [montrant] defaçons d’être et<br />
d’avoir des [de ces] relations [ce] qui [leur permettent d’obtenir] des<br />
résultats préférables ».<br />
Descouloirs existententrenarrativité, herméneutique, constructivisme<br />
et constructionnisme social, et entre ceux-ci et la théorie dialogique<br />
de Habermas (1981). Tandis que Spence (op. cit.) pourrait sedéfinir<br />
comme un maître es-littérature, Anderson et Goolishan (1988, p. 101)<br />
se présentent comme des maîtres es-conversation. Si officiellement le<br />
Freud dela«cure par la parole »est délogé, les modalités de travail<br />
concret durant la cure analytique se retrouvent abondamment dans la<br />
pratique narrative, le point qui nous dérange étant dans cette dernière<br />
son ambition de transformer une grande découverte enun ordonnancier<br />
médico-pédagogique.<br />
L ETEMPS<br />
La narration emprunte des chemins inattendus, tout en suivant un<br />
ordre, présentation, développement, dénouement. Elle libère laparole,