Jamais moi sans toi
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32 L ES FONDEMENTS<br />
Ce vaste débat questionne en profondeur le concept d’identité pour<br />
nous amener àlereconsidérer àl’aune de la notion departage des<br />
fonctions dans unlien intersubjectif. Celles-ci sont de nature àmieux<br />
redéfinirl’identitédechacundesprotagonistesdulienetde l’ensemble<br />
qu’ils forment. Onparticipeaulien parce que l’on ades tâches àréaliser<br />
plutôt que pour ce que l’on est ;sinon nous risquons de modifier la<br />
position dechacun etde pervertir la situation même. À la tâche, le<br />
professionnalisme de l’analystenedépendplus de ce qu’il peut être, de<br />
sa notoriété, deson grade, etc., mais de ce qu’il fait, pour l’essentiel<br />
l’analyse permanente decequ’il observe etéprouve, et la formulation<br />
d’interprétations.(J’y reviendrai.)<br />
A PRÈS NOUS AVOIR ÉGARÉS, LES RÉSISTANCES<br />
ÉCLAIRENT LE CHEMIN<br />
Tout compte fait, ilparaît important de confronter ces découvertes sur<br />
la relation analytiqueàd’autresmodalitésde lienàdeux (ouàplusieurs),<br />
en premier lieu aux liens familiaux, etparmi eux, aux liens premiers<br />
mère/nourrisson. La pathologienous interroge lorsqu’elleté<strong>moi</strong>gne de<br />
certainesrelationsquiassurentleurstabilité, etencoreplus la possibilité<br />
d’une véritable influence inconsciente réciproque qui l’alimente etla<br />
rend rebelle àtout changement thérapeutique.<br />
La relation analytiquen’est pasde tout repos,celaest évident,maisles<br />
résistancesne sauraientsedévelopperetpersister,remarqueW.Baranger,<br />
( op. cit.,p.364) <strong>sans</strong> une «complaisance »inconsciente del’analyste.<br />
C’est ce quel’on identifiegénéralementcommedescontre-résistances.<br />
Plus encore, cet ensemble résistance/contre-résistance est alimentédans<br />
la réciprocité des mouvements psychiques des deux protagonistes. Si<br />
certains aspects du patient provoquent de l’admiration chez l’analyste,<br />
d’autres qui lui sont pénibles seront alors évités. L’analyste trouve des<br />
raisonspour ne paslesinterpréterdanslescasoùil en est conscient.Mais<br />
souvent il ne l’est pas. Defait, ildemeure curieusement paralysé dans<br />
sa capacitéde«méta-observation », ou de regardsecond, qui lui permet<br />
habituellementde s’analyseretd’intégrercetteanalyseaumouvementdu<br />
patient.Ainsi est né le conceptde bastion (M. et W. Baranger,1961, op.<br />
cit.), terme quisouligne justementl’aspectrigide, muré, impénétrable, de<br />
tellesrésistancesàdeux,dontle caractèreenvahissant,déviantetpervers<br />
est àsouligner. L’analyste est pris dans unpiège tout en satisfaisant<br />
une de ses pulsions partielles perverses, sadomasochiste, voyeuriste,<br />
exhibitionniste («champ pervers », Baranger, op. cit. ; cf. aussi Losso,