Jamais moi sans toi
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«RACONTE - MOI UNE HISTOIRE »:LA NARRATIVITÉ DANS L’ ANALYSE 165<br />
«Cequirend une formulationconvaincanteetirrésistible réside précisémentdansle<br />
faitqu’elle est soigneusementadaptée àlavie dupatient »,<br />
dit Spence ( op. cit. p. 866).<br />
La parenté delanarrativité enthérapie avec le récit littéraire n’est<br />
pas àdésavouer, bien au contraire elle est revendiquée explicitement,<br />
aussibien parSpence quepard’autresparti<strong>sans</strong>de la narrativité. Il est,<br />
en échange, fort curieux qu’aucune allusion aucontre-transfert ne soit<br />
faite, alors que lecontre-transfert est ce qui permettrait d’accéder àcette<br />
vérification dusouvenirtantréclamée ( cf.chap. 7).<br />
En lisant Spence ( op. cit.), nous ne pouvons pas nous départir du<br />
sentiment qu’il parle d’une psychanalyse ayant jadis pignon sur rue<br />
aux É tats-Unis, loin dupatient réel et de sa souffrance intime, celle<br />
de Hartmann (1939), schématique par son élaboration et rêche dans sa<br />
démarche. En même temps,ilfaitsienne une posturesemblable lorsqu’il<br />
se trouve devant son patient, celle d’un analyste plus technicien que<br />
s’analysant en continu, etcela malgré l’encouragement àinventer de<br />
bonnesformuleslittéraires.<br />
D ÉVELOPPEMENTS EN THÉRAPIE DE FAMILLE<br />
© Dunod –Laphotocopienon autorisée est un délit<br />
La narrativité aeu des adeptes en dehors de la pratique psychanalytique.<br />
Ils s’éloignent de toute référence au passé remémoré. S’occupant<br />
de thérapies de couple et de famille, ils partent duconstat quelepatient<br />
s’est déjà raconté des his<strong>toi</strong>res àpropos de son his<strong>toi</strong>re, qui, ajoutées<br />
couche sur couche àsa vision personnelle, le confortent dans saposition<br />
de non-changement. Alors il est nécessaire decréer des narrations<br />
nouvelles.<br />
Rober et Migerode (1997), dans une contribution très éclairante,<br />
évoquentdeux courants narratifsissus dusystémisme.Unpremierviseà<br />
libérerle patientde «son his<strong>toi</strong>resaturée duproblème »en proposantdes<br />
récits «alternatifs »plus ou <strong>moi</strong>ns éloignés de la présentation verbale<br />
du symptôme. Un second ne propose pas une narration précise mais<br />
une «conversation »au sein de la séance ouverte oùles narrations se<br />
mélangent àd’autresformesde discours (descriptions,exhortations).<br />
Parles narrations alternatives ,lepremiercourantnous faitpenserà<br />
ces his<strong>toi</strong>res utiliséesen thérapie d’enfant lorsque l’on joue oul’on fait<br />
du psychodrame où parfois patients et thérapeutes peuvent inventer une<br />
scène <strong>sans</strong>la jouer.