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Les liaisons dangereuses - Ebooks libres et gratuits

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esta, <strong>et</strong> nous nous occupâmes pendant ce temps à réparer le désordre de mon lit.<br />

Mes gens remontèrent toujours en tumulte ; <strong>et</strong> moi, encore tout émue , je leur demandai par quel<br />

bonheur ils s'étaient encore trouvés levés ; <strong>et</strong> Victoire me raconta qu'elle avait donné à souper à deux de ses<br />

amies, qu'on avait veillé chez elle, <strong>et</strong> enfin tout ce dont nous étions convenues ensemble. Je les remerciai<br />

tous, <strong>et</strong> les fis r<strong>et</strong>irer, en ordonnant pourtant à l'un d'eux d'aller sur− le−champ chercher mon Médecin. Il me<br />

parut que j'étais autorisée à craindre l'eff<strong>et</strong> de mon saisissement mortel ; <strong>et</strong> c'était un moyen sûr de donner<br />

du cours <strong>et</strong> de la célébrité à c<strong>et</strong>te nouvelle.<br />

Il vint en eff<strong>et</strong>, me plaignit beaucoup, <strong>et</strong> ne m'ordonna que du repos. Moi, j'ordonnai de plus à Victoire<br />

d'aller le matin de bonne heure bavarder dans le voisinage.<br />

Tout a si bien réussi qu'avant midi, <strong>et</strong> aussitôt qu'il a été jour chez moi, ma dévote Voisine était déjà au<br />

chev<strong>et</strong> de mon lit, pour savoir la vérité <strong>et</strong> les détails de c<strong>et</strong>te horrible aventure. J'ai été obligée de me désoler<br />

avec elle, pendant une heure, sur la corruption du siècle. Un moment après, j'ai reçu de la Maréchale le bill<strong>et</strong><br />

que je joins ici. Enfin, avant cinq heures, j'ai vu arriver, à mon grand étonnement, M... [Le Commandant du<br />

corps dans lequel M. de Prévan servait]. Il venait, m'a−t−il dit, me faire ses excuses, de ce qu'un Officier de<br />

son corps avait pu me manquer à ce point. Il ne l'avait appris qu'à dîner chez la Maréchale, <strong>et</strong> avait<br />

sur−le−champ envoyé ordre à Prévan de se rendre en prison. J'ai demandé grâce, <strong>et</strong> il me l'a refusée. Alors j'ai<br />

pensé que, comme complice, il fallait m'exécuter de mon côté, <strong>et</strong> garder au moins de rigides arrêts. J'ai fait<br />

fermer ma porte, <strong>et</strong> dire que j'étais incommodée.<br />

C'est à ma solitude que vous devez c<strong>et</strong>te longue L<strong>et</strong>tre. J'en écrirai une à Madame de Volanges, dont<br />

sûrement elle fera lecture publique <strong>et</strong> où vous verrez c<strong>et</strong>te histoire telle qu'il faut la raconter.<br />

J'oubliais de vous dire que Belleroche est outré, <strong>et</strong> veut absolument se battre avec Prévan. Le pauvre<br />

garçon ! heureusement j'aurai le temps de calmer sa tête. En attendant, je vais reposer la mienne, qui est<br />

fatiguée d'écrire. Adieu, Vicomte.<br />

Paris, ce 25 septembre 17**, au soir.<br />

<strong>Les</strong> <strong>liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

LETTRE LXXXV 140

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