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Les liaisons dangereuses - Ebooks libres et gratuits

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LETTRE XLIX<br />

CECILE VOLANGES AU CHEVALIER DANCENY<br />

Sans être ni légère, ni trompeuse, il me suffit, Monsieur, d'être éclairée sur ma conduite, pour sentir la<br />

nécessité d'en changer ; j'en ai promis le sacrifice à Dieu, jusqu'à ce que je puisse lui offrir aussi celui de mes<br />

sentiments pour vous, que l'état Religieux dans lequel vous êtes rend plus criminels encore. Je sens bien que<br />

cela me fera de la peine, <strong>et</strong> je ne vous cacherai même pas que depuis avant−hier j'ai pleuré toutes les fois que<br />

j'ai songé à vous. Mais j'espère que Dieu me fera la grâce de me donner la force nécessaire pour vous oublier,<br />

comme je la lui demande soir <strong>et</strong> matin. J'attends même de votre amitié, <strong>et</strong> de votre honnêt<strong>et</strong>é, que vous ne<br />

chercherez pas à me troubler dans la bonne résolution qu'on m'a inspirée, <strong>et</strong> dans laquelle je tâche de me<br />

maintenir. En conséquence, je vous demande d'avoir la complaisance de ne me plus écrire, d'autant que je<br />

vous préviens que je ne vous répondrais plus, <strong>et</strong> que vous me forceriez d'avertir Maman de tout ce qui se<br />

passe : ce qui me priverait tout à fait du plaisir de vous voir.<br />

Je n'en conserverai pas moins pour vous tout l'attachement qu'on puisse avoir sans qu'il y ait du mal ; <strong>et</strong><br />

c'est bien de toute âme que je vous souhaite toute sorte de bonheur. Je sens bien que vous allez ne plus<br />

m'aimer autant, <strong>et</strong> que peut−être vous en aimerez bientôt une autre mieux que moi. Mais ce sera une<br />

pénitence de plus, de la faute que j'ai commise en vous donnant mon coeur, que je ne devais donner qu'à<br />

Dieu, <strong>et</strong> à mon mari quand j'en aurai un. J'espère que la miséricorde divine aura pitié de ma faiblesse, <strong>et</strong><br />

qu'elle ne me donnera de peine que ce que j'en pourrai supporter.<br />

Adieu, Monsieur ; je peux bien vous assurer que s'il m'était permis d'aimer quelqu'un, ce ne serait<br />

jamais que vous que j'aimerais. Mais voilà tout ce que je peux vous dire, <strong>et</strong> c'est peut−être même plus que je<br />

ne devrais.<br />

De ..., ce 31 août 17**<br />

<strong>Les</strong> <strong>liaisons</strong> <strong>dangereuses</strong><br />

LETTRE XLIX 74

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