Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Registre de Parnac – trad. fr.<br />
BERNARDE, FEMME DE GUILLAUME LAFONT<br />
MEUNIER DE CAUCALIÈRES<br />
L'an du Seigneur 1275, le samedi veille de Pentecôte 1 8ernarde, femme de Guillaume<br />
Lafont, meunier de Caucalières 2 , amenée prisonnière, témoin ayant prêté serment et requise etc...,<br />
dit qu'elle n'a jamais vu de parfaits ni n'en a adoré...ou des vaudois 3 , sauf que :<br />
Dans le temps, quand je restais comme servante chez Guillaume Auriol de St-Paul Cap de<br />
Joux, ledit Guillaume Auriol, qui était tombé dans la maladie dont il mourut, un soir, me demandait<br />
souvent quand viendrait Raimond Orfan de St-Paul, qui avait été son meunier. Comme je lui<br />
demandais avec empressement pourquoi il le demandait si souvent, il finit par me répondre qu'il<br />
espérait qu'il lui amènerait de bons hommes. Je compris des parfaits. Et le lendemain, entre tierce et<br />
midi ledit Guillaume mourut.<br />
C'était le baïle de 8arthas, le chevalier de Palajac.<br />
Ce malade m'avait auparavant envoyée auprès de ce 8arthas à Palajac, pour lui dire de la<br />
part du malade qu'il le secoure à tout prix. (Interrogée quel secours elle comprit) : Je compris que<br />
ce Barthas ferait en sorte que des parfaits viennent l'hérétiquer.<br />
(Interrogée pourquoi elle le comprit ainsi) : Parce que je les tenais pour amis et croyants<br />
des parfaits.(<br />
(Interrogée si elle a su que ce Guillaume avait été hérétiqué à sa mort) : Je ne le sais ni ne<br />
le crois. J'ai en effet entendu dire à Raimond Orfan qu'il n'avait pas amené ces parfaits à ce malade.<br />
(Interrogée sur l'époque) : Ce fut l'année où mourut monseigneur Raimond, comte de<br />
Toulouse 4 , ou bien il y avait alors un an que ce Guillaume était mort.<br />
Après cela je fus placée comme servante chez Pierre de Villèle, mari de na <strong>Fr</strong>esca.<br />
A l'époque était chez Pierre de Villèle comme meunier Bernard du Bousquet, qui quittait de<br />
temps à autre la maison de nuit. Et il me demandait de laisser la porte ouverte, pour qu'il puisse<br />
entrer quand il reviendrait, ce que je faisais. Je crois qu'il allait alors vers les parfaits, car il partit<br />
peu de jours après, et j'ai entendu dire qu'il était allé auprès des parfaits en Lombardie.<br />
Un jour ce Beranrd apporta du pain de seigle, et me dit que c'était le pain de Dieu. Comme<br />
je lui demandais comment c'était le pain de Dieu, il me dit que c'était le pain des bons hommes, ce<br />
que je compris des parfaits. Sur son invite, je pris de ce pain et le posai dans une fenêtre, mais je ne<br />
le mangeai pas, et je ne crus pas que ce pût être du pain de Dieu.<br />
De cela, il ya vingt ans environ.<br />
(Interrogée si elle a donné à quelqu'un de ce pain) : Non, et je ne l'eus pas par la suite, et je<br />
ne sais pas que quelqu'un en ait eu.<br />
1 1 er juin 1275.<br />
2 Canton de Mazamet, Tarn.<br />
3 Ut supra.<br />
4 1249.<br />
© <strong>Jean</strong> <strong>Duvernoy</strong> – Tous droits réservés 126