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Registre de Parnac – trad. fr.<br />
deux hommes que Pons Raffre avait emmenés de là, et quel argent ils avaient sorti du coffre, car<br />
elle l'avait vu. Le malade répondit que c'étaient de ceux qu'on appelle les hérétiques, et que Pons<br />
Raffre lui avait donné à entendre qu'il ne pourrait pas être sauvé autrement que par eux. C'est<br />
pourquoi il avait promis de se donner à eux, et il leur avait donné soixante sous Toulsas qu'il avait<br />
dans le cofrre. S'il en avait plus il le leur donnerait. Ils devaient revenir auprès de lui le lendemain<br />
et le recevoir dans leur secte.<br />
Quand ces parfaits furent avec lui, en passant dans la rue je vis ma mère au pied de<br />
l'escalier, de l'autre côté de la porte, qui me dit que Pons Raffre était en haut avec le malade, et avec<br />
lui deux étrangers, et que ce Pons Raffre lui avait dit de ne pas partir de là et de ne laisser monter<br />
personne auprès du malade. Mais que s'il venait quelqu'un, de dire que le malade dormait. Ce<br />
malade mourut le lendemain avant tierce 1 .<br />
(Interrogé s'il sait que ce malade fut hérétiqué) : Non, mais j'ai entendu ma mère dire que<br />
Pons Raffre avait amené ces parfaits dans sa maison, qui était proche de celle où la malade était<br />
couché, avec seulement deux maisons intermédiaires.<br />
Il y a trente-huit ans environ.<br />
Item, j'allai un jour me promener dans les jardins de Sorèze avec ledit Raimond Peyre. Il me<br />
dit alors que quand Pierre Raimond de Dreuilhe, chevalier de Sorèze 2 , était malade à Sorèze de la<br />
maladie dont il mourut, le même Raimond Peyre et Adam Olier de Sorèze lui amenèrent du terroir<br />
du moulin de Guiraud Terré de Sorèze Bonnet d'Auvezines et son compagnon, les parfaits. A<br />
l'entrée de la ville, au ruisseau dit de Villeneuve, ledit Bonnet demanda à son compagnon s'il avait<br />
le Livre. Il répondit que non, mais qu'il l'avait laissé au chevet du lit. Adam Olier dit alors à<br />
Raimond Peyre de retourner chercher ce livre, et qu'il les ferait entrer (en ville) et qu'il les<br />
trouverait dans la maison d'Hugues Gaillard, qui était contigüë à la maison du malade. Il alla<br />
chercher le livre, le rapporta, et le rendit à ces parfaits, qu'il trouva à la maison d'Hugues Gaillard,<br />
et qu'il laissa là.<br />
Il ya trente-huit ans environ que mourut ce chevalier, et il y a huit ans environ que Raimond<br />
Peyre me le rapporta.<br />
(Interrogé s'il a su que ce chevaleir avait été hérétiqué) : Non.<br />
(Interrogé s'il croit qu'il fut hérétiqué) : Oui, car je l'ai entendu dire.<br />
(Interrogé à qui il l'a entendu dire) : Audit Raymond Peyre, non qu'il y ait assisté, mais qu'il<br />
l'avait entendu dire audit Adam Olier, (à savoir que ce chevalier avait été hérétiqué. Et il y a huit<br />
ans environ que Raymond Peyre m'a rapporté cela.<br />
(Interrogé si Adam Olier et Guiraud Terré étaient vivants qund Raimond Peyre lui a<br />
rapporté cela) : Oui.<br />
Item alors que feu Bernard Coste, mon beau-frère, était une fois malade à Sorèze d'une<br />
maladie dont il guérit, Raimond Roucinier de Sorèze, le boucher, moi présent et l'entendant,<br />
l'exhorta à pourvoir au salut de son âme, et (lui rappela) qu'il lui avait dit la même chose il y avait<br />
bien quatre jours, savoir qu'il eût de bons hommes pour le recevoir. A quoi le malade répondit que<br />
cela ne pouvait pas se faire. Raimond Roucinier lui dit qu'il avait un ami à Dreuilhe qui lui<br />
donnerait conseil sur les bons hommes, c'est-à-dire les parfaits, s'il les voulait. Je dis alors à ce<br />
Raimond qu'il donnait un mauvais conseil, et que je ne voulais ni voir ni entendre cela. A quoi ce<br />
Raimond Roucinier répondit qu'il lui donnait un meilleur conseil que ce que j'avais jamais donné.<br />
La nuit suivante il sua et entra en convalescence, et il vécut par la suite douze ans environ.<br />
Il ya dix-huit ans environ que cela eut lieu.<br />
1 Neuf heures du matin à l'équinoxe.<br />
2 Sur la famille, infra, déposition de <strong>Jean</strong> Clerc.<br />
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