KONINKLIJKE ACADEMIE VOOR OVERZEESE WETENSCHAPPEN ...

Meded. Zitt. K. Acad. Overzeese Wet.
Bull. Séanc. Acad. R. Sci. Outre-Mer
52 (2006-3): 351-364
Frans BONTINCK
(Schellebelle, 16 août 1920 — Halle, 20 avril 2005)*
Mentor, collègue, ami, le père
Bontinck m’a initié à la bibliothèque
historique du Congo et de l’Angola et,
au fil de longues années de rencontres
régulières, nous avons partagé l’ambition
de déchiffrer les défis que posaient
aussi bien le passé que le présent de
l’Afrique contemporaine. L’hommage
qui suit n’a toutefois pas pour ambition
de découvrir la vérité d’un homme que
j ’ai toujours connu comme observant un
devoir de réserve vis-à-vis des aspects
les plus personnels de son itinéraire:
pour lui, malgré mes efforts, je fus toujours
«Monsieur Vellut», tandis que
pour moi, il est vrai, il fut toujours
«Père Bontinck». Je ne peux chercher
ici qu’à éclairer quelques-uns des
contextes dans lesquels François Bontinck a évolué, tels du moins que j ’ai pu les
pressentir au cours de longues et passionnantes discussions avec lui, dans les universités
du Congo d’abord, dans sa retraite belge ensuite.
Les papiers du P. Bontinck, ainsi que son dossier personnel auprès de la
congrégation de Scheut, ne sont pas encore ouverts à la consultation. J’aurais
aimé en savoir plus sur ses lectures philosophiques et religieuses. Conscient des
limites de mon information, je me risque pourtant à une mise en perspective des
carrefours que j ’ai pu repérer dans le parcours de François Bontinck. Sa trajectoire
s’est inscrite dans une histoire déchirée par des conflits majeurs, ceux de la
Deuxième Guerre mondiale, de la guerre froide, de la décolonisation, des redéfinitions
successives de la place du christianisme dans le monde. Sa génération
est passée de l’enthousiasme conquérant à une conception plus effacée de la
place de l’Eglise, désormais perçue comme présence minoritaire dans la société
* Eloge prononcé à la séance de la Classe des Sciences morales et politiques tenue le 13 décembre
2005.