28.06.2013 Views

KONINKLIJKE ACADEMIE VOOR OVERZEESE WETENSCHAPPEN ...

KONINKLIJKE ACADEMIE VOOR OVERZEESE WETENSCHAPPEN ...

KONINKLIJKE ACADEMIE VOOR OVERZEESE WETENSCHAPPEN ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

— 356 —<br />

orientale, alors ravivées par le programme d’expansion dont Nasser rêvait pour<br />

l’Egypte. L’article soulignait l’impérieuse nécessité d’émanciper le clergé et les<br />

laïcs congolais.<br />

Au même moment, Mgr G. Philips, lui aussi proche de la démocratie chrétienne<br />

belge, déposait un projet d’ouverture d’une faculté de théologie au sein de<br />

l’Université Lovanium de Léopoldville. Appuyée par une réunion de l’épiscopat<br />

missionnaire du Congo, la décision fut prise en septembre 1956. Dorénavant, le<br />

calendrier s’accélérait. Le sacre du premier évêque congolais, Mgr Kimbondo,<br />

eut lieu en 1956, deux nouveaux évêques suivirent en 1959; trente ans plus tard,<br />

les 41 évêchés du Congo étaient tous placés sous l’autorité d’un évêque congolais.<br />

Les étapes pouvaient d’ailleurs se succéder rapidement dans un pays qui,<br />

malgré tout, comptait 298 prêtres congolais en 1957. En 1959, Rome établit la<br />

hiérarchie ecclésiastique du Congo comme elle l’avait fait peu auparavant en<br />

Afrique-Occidentale française. L’âge du christianisme historique touchait à sa<br />

fin en Afrique.<br />

L’âge du Congo colonial lui aussi connaissait ses derniers jours, car les impulsions<br />

locales relayaient celles en provenance de l’extérieur. En 1956, la réunion<br />

des évêques du Congo avait en effet offert l’occasion à un groupe de chrétiens<br />

congolais réunis depuis 1954 autour de l’abbé Malula de distribuer, en fin de session,<br />

un «manifeste», ultime produit de leur travail. Sous le titre de Conscience<br />

africaine, ce texte connut une importante diffusion dans le reste du pays [6].<br />

Cette fois, il s’agissait d’un document répondant à une dynamique locale et qui<br />

rappelait que l’implantation de l’Eglise au Congo devait s’inscrire dans un<br />

contexte plus général, celui de l’émancipation de l’ensemble de la société congolaise.<br />

Dépassant tout tribalisme, Conscience africaine soulignait la «vocation<br />

nationale» d’un Congo moderne, inaugurant ainsi une ligne de pensée influente<br />

dans le nationalisme congolais et qui se distinguait de courants plus nativistes<br />

qui cherchèrent bientôt à inscrire l’avenir du pays dans une trajectoire africaine<br />

originelle précédant la colonisation [7]. Il prolongeait ainsi l’esprit d’un autre<br />

texte fondateur, le «Plan de trente ans pour l’émancipation politique de l’Afrique<br />

belge» de J. Van Bilsen, publié d’abord, en 1954, en néerlandais, dans la revue<br />

de l’ACW, mouvement ouvrier flamand.<br />

C’est à ce moment que la destinée de Bontinck s’inscrivit à nouveau dans un<br />

grand virage pris par l’Eglise. Il fut en effet retiré par ses supérieurs de ses activités<br />

d’action sociale et même privé d’un rôle de bâtisseur — on avait pensé l’affecter<br />

à la construction d’un nouveau centre d’enseignement. Retenu comme<br />

représentant de Scheut dans la nouvelle faculté de théologie, Frans Bontinck fut<br />

invité à se consacrer dorénavant à la formation supérieure de prêtres congolais<br />

et, selon ses mots, à faire de la science sa contribution à l’action missionnaire. Il<br />

allait aussi partager l’impulsion donnée par son doyen, A. Vanneste, représentant<br />

désigné du clergé métropolitain à la tête de la nouvelle faculté. La ligne adoptée<br />

fut clairement définie: poursuivre dans la perspective ouverte par le mouvement<br />

néothomiste de conciliation entre religion et connaissance raisonnable, laisser au

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!