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KONINKLIJKE ACADEMIE VOOR OVERZEESE WETENSCHAPPEN ...

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— 353 —<br />

Le monde ouvert par Raskin aux jeunes gens était celui du courant historique<br />

de la mission telle qu’elle avait été développée par Scheut dans ses deux pôles<br />

successifs, celui de Chine et celui du Congo. Dans ses premières fondations, en<br />

Mongolie-Intérieure, Scheut concrétisa une conception sociale du christianisme<br />

auprès de colons chinois acceptant de vivre en catholiques dans des villages<br />

homogènes [2], Ce fut finalement une véritable puissance territoriale («plus<br />

grande qu’une province belge») qui se développa dans cette région. En parallèle,<br />

et depuis 1888, le Congo était devenu le deuxième pôle d’activité de la<br />

congrégation, une fondation officiellement conçue sur la base d’un compromis<br />

avec les pouvoirs politiques qui se succédèrent, de l’Etat indépendant du Congo<br />

de Léopold II d’abord à la Colonie belge ensuite.<br />

L’enthousiasme de Raskin emporta le jeune Bontinck qui, bien des années<br />

plus tard, évoquait toujours ce straffe gast, ce sacré bonhomme. Dès les années<br />

1930 cependant, l’imaginaire missionnaire d’un Raskin apparaissait à certains<br />

comme le vestige d’un âge innocent, alors en voie de disparition. L’option traditionaliste<br />

dans laquelle s’est inscrite la vocation de Bontinck ne correspondait<br />

plus en effet à une position unanime du mouvement missionnaire. Depuis les<br />

années 1920, s’épanouissant en courants divers, des cercles d’étudiants, de religieux,<br />

de publicistes, se ralliaient aux thèses d’un christianisme militant, reposant<br />

sur l’engagement des laïcs, affirmant sa présence dans le monde moderne.<br />

Des démarches fort différentes s’affrontaient toutefois en sourdine. Certains en<br />

effet se contentaient d’imaginer un christianisme universel s’adaptant à des<br />

décors variés, orientaux, africains, tandis que d’autres commencèrent à parler<br />

d’«inculturation» ou de «contextualisation» du christianisme dans les cultures<br />

locales. Ce fut plus tard, en Afrique, que Bontinck fut confronté à cette pensée<br />

radicale selon laquelle il fallait rompre avec l’enveloppe «tribaliste européenne»<br />

que l’histoire avait imprimée au christianisme.<br />

Suivant les pratiques de la congrégation, la formation de Frans Bontinck se<br />

déroula à Scheut et à Louvain, en milieu fermé, coupé de la famille, sans contact<br />

direct avec l’université, sans ouverture sur le monde moderne. Est-ce à cette<br />

formation qu’il faut attribuer la discipline de fer qui resta la sienne tout au long<br />

de sa vie? Elle n’allait toutefois pas sans des convictions passionnées. Les deux<br />

premières publications du jeune prêtre furent des brochures de propagande:<br />

évoquant le soulèvement des Boxers, elles ont un parfum de guerre sainte [3]. En<br />

1948, ce n’est pas de gaieté de cœur que le jeune religieux accepta de postposer<br />

son projet missionnaire et de poursuivre sa formation, cette fois dans le cadre de<br />

l’Université Grégorienne de Rome.<br />

Foyer ultramontain, relais jésuite de la pensée néothomiste à laquelle<br />

Bontinck avait été initié à Louvain, ouverte aux exigences d’une formation<br />

scientifique moderne dans la tradition allemande, la Grégorienne respectait en<br />

histoire de l’Eglise les règles d’une discipline qui répondrait aux exigences du<br />

travail scientifique et serait fondée sur une familiarité approfondie avec les<br />

sources. Bontinck resta durablement imprégné de cette double tradition jésuite,

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