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— 312 — 7. Du phénotype au génotype Dans cette communication, j ’ai choisi de développer quelques caractères polygéniques: la stature, les dimensions dentaires, la taille du cerveau et celle du bassin. J’aurais pu illustrer la diversité biologique du genre humain avec des caractères monofactoriels à hérédité mendélienne simple comme la fréquence des groupes sanguins ou des groupes H.L.A. L’observation de ces phénotypes a le grand avantage de permettre l’accession directe au génotype, mais leurs fréquences géniques peuvent varier fortement en quelques générations sous l’influence de la sélection naturelle, ou encore par l’effet du hasard, lorsque les populations sont de petit effectif. Les caractères monofactoriels offrent donc une vision relativement fugace de notre histoire évolutive. Au contraire, pour les caractères gouvernés par plusieurs paires de gènes allèles, il est difficile, sinon impossible, de remonter au génotype. Cependant, la probabilité pour que l’ensemble des gènes responsables d’un caractère polygénique mutent en même temps, est très faible. La modification de ces phénotypes, sous la pression sélective du milieu, est donc graduelle et beaucoup plus lente que pour un caractère régi par une seule paire d’alièles. Autrement dit, les caractères multifactoriels témoignent d’une histoire remontant beaucoup plus loin dans le temps. 8. Pigmentation de la peau Parmi les caractères multifactoriels observables sur le vivant, la pigmentation de la peau offre une autre bonne illustration de la diversité intraspécifique (R o bins 1991). La couleur de la peau (L eg u ebe 1 9 8 6 ) résulte de l’effet combiné de plusieurs facteurs dont la mélanine, l’hémoglobine et les carotènes. La mélanine est un pigment brun foncé qui est synthétisé par les mélanocytes situés à la base de l’épiderme et qui diffuse ensuite dans les kératinocytes. Le nombre et la densité des mélanocytes sont du même ordre de grandeur chez tous les êtres humains, mais c’est la quantité de mélanine sécrétée qui varie et la manière dont elle est stockée dans les kératinocytes (fig. 7). L’hémoglobine est le pigment rouge des hématies et elle confère un teint plus ou moins rosé aux individus à peau claire. Les carotènes sont des pigments jaunes d’origine uniquement alimentaire. La notion de «race jaune» est donc une vieille erreur qui persiste malencontreusement. Plus d’une paire de gènes sont impliqués dans la détermination de la couleur de la peau: probablement trois ou quatre. Mais son expression est influencée par d’autres sources de variabilité, complexes à cerner, comme l’environnement avec son corollaire, l’aptitude à bronzer.
Fig. 7. — Transfert et stockage de la mélanine (Robins 1991). Les mélanocytes (cellules dendri- tiques situées à la base de l’épiderme) produisent les mélanosomes qui sont transférés vers les kératinocytes. La distribution, le nombre et la dimension des mélanosomes dans les kératinocytes sont variables. Ce schéma montre (à gauche) des mélanosomes groupés, fréquents dans les populations à peau claire et (à droite) de nombreux mélanosomes dispersés, fréquents dans les populations à peau foncée. La distribution mondiale de la pigmentation correspond assez étroitement avec la latitude et l’altitude, c’est-à-dire avec l’intensité du rayonnement ultraviolet. Le réflectomètre permet de mesurer objectivement la couleur de la peau. Elle se mesure à neuf longueurs d’ondes. Prenons l’exemple de quatre groupes totalisant deux cent cinquante individus: des Belges, des Vietnamiens, des Maghrébins et des Noirs africains ( F o s t e r 1973). Les courbes moyennes de réflexion aux neuf longueurs d’ondes (fig. 8B) montrent que les Congolais sont les plus foncés, les Belges les plus clairs, tandis que les Maghrébins et les Vietnamiens ont une même peau brun clair. La pigmentation de la peau est un caractère à variation continue se traduisant par des intensités graduées (fig. 8A): les peaux dites «jaunes» ne sont que des intermédiaires plus ou moins bruns entre des peaux dites «noires» ou «blanches». Il y a des Asiatiques à la peau aussi claire que celle des Européens, et aussi foncée que celle des Africains subsahariens. 9. Dermatoglyphes Les dermatoglyphes ( V r y d a g h- L a o u r e u x 1986) sont des dessins réguliers et complexes, formés par de fines crêtes de l’épiderme où débouchent les glandes
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