KONINKLIJKE ACADEMIE VOOR OVERZEESE WETENSCHAPPEN ...
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époque déterminée, des faits sociaux qui se prêtent à une évaluation numérique<br />
(impôt, condamnations, productions industrielles et agricoles, population, etc.).<br />
[...] Relevé méthodique de ces faits».<br />
Pour l’auteur de ce texte, la statistique du premier tiers de ce siècle est dans<br />
la continuité de celle du siècle précédent: elle est essentiellement descriptive,<br />
quantitative et dirigée vers l’économique et le social. Il ajoute cependant: «Le<br />
sens de ce mot a été étendu au classement de faits de toutes sortes: statistiques<br />
médicales, météorologiques,...».<br />
Il inclut même une précision qui peut intéresser celui qui a pour mission d’utiliser<br />
ou d’enseigner cette «science»: «Les renseignements obtenus peuvent être<br />
présentés sous forme de tableaux de chiffres, sous forme de graphiques. On<br />
emploie parfois des représentations figurées d’objets à des grandeurs différentes,<br />
suivant leur importance» [1]*.<br />
La dernière phrase de la rubrique est illustrative de la manière dont est ressenti<br />
l’usage «des chiffres» à l’époque: «La statistique constitue une sorte de comptabilité<br />
des nations sans laquelle il est impossible de diriger leur marche avec certitude».<br />
On retrouve ici le point de vue du XIX' siècle: la statistique ne doit pas<br />
faire place à l’incertain. Il n’est donc pas étonnant qu’il n’y ait aucune allusion<br />
dans ce texte à ce qui se passe en Europe, surtout dans le monde anglo-saxon,<br />
depuis le début du siècle: l’émergence de la statistique inférentielle ( D r o e sb e k e<br />
& T a ssi 1997).<br />
La deuxième référence, datant de 1964, est le «Dictionnaire alphabétique et<br />
analogique de la langue française» en six volumes de Paul Robert, publié à Paris<br />
par la Société du Nouveau Littré. La statistique y est définie à la page 540 du<br />
sixième volume. On y retrouve tout d’abord l’«étude méthodique des faits<br />
sociaux ...», mais considérée à présent comme représentative du XIXe siècle. Par<br />
contre, précise ce dictionnaire, il s’agit, de nos jours, de «techniques d’interprétation<br />
mathématique appliquées à des phénomènes pour lesquels une étude<br />
exhaustive de tous les facteurs est impossible, à cause de leur grand nombre ou<br />
de leur complexité».<br />
Le paysage s’est étendu. La statistique mathématique est venue compléter la<br />
simple description. L’usage de modèles et de lois va donner un cadre théorique<br />
favorable au développement de nouveaux concepts: «La statistique met en œuvre<br />
la notion de probabilité et la loi des grands nombres». Les moyens techniques<br />
disponibles autorisent en effet à prendre des observations de plus en plus nombreuses,<br />
même si des considérations d’ordre pratique et économique ne permettent<br />
pas, en général, de prélever toutes les observations possibles.<br />
Ce dictionnaire précise en outre qu’«une des statistique(s) se dit d’un<br />
ensemble de données numériques concernant une catégorie de faits, et utilisable<br />
selon les méthodes de la statistique».<br />
* Les chiffres entre crochets [ ] renvoient aux notes, pp. 333-335.