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KONINKLIJKE ACADEMIE VOOR OVERZEESE WETENSCHAPPEN ...

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— 360 —<br />

réservé vis-à-vis des efforts de réinventer l’information historique par le dialogue<br />

avec des «mémoires collectives». Allergique aussi aux tentatives d’adapter le<br />

contenu de l’histoire aux besoins d’un temps présent à réorienter, il fut hanté par<br />

le désir d’introduire dans le présent la conscience d’un passé, irrémédiablement<br />

autre. Il voyait cette conscience comme faisant partie intégrante d’une identité<br />

congolaise en voie de construction et, sur ce point, le savant se voyait comme<br />

partie d’un projet missionnaire [16].<br />

Comme cela avait été le cas lors de sa rencontre avec le monde missionnaire,<br />

Bontinck entra dans le travail historique «africaniste» à partir d’une filière traditionnelle<br />

et, ici encore, à un moment où les anciennes perspectives étaient<br />

remises en question. Paradoxalement, c’est auprès d’une figure peu conventionnelle<br />

que Bontinck conforta la tradition documentaire à laquelle il avait été initié<br />

à Rome [17], En été 1957, à l’occasion d’un séjour à Louvain pour y préparer les<br />

cours qui lui avaient été confiés, il se lia en effet d’une amitié personnelle et<br />

intellectuelle avec le fougueux abbé Louis Jadin. Religieux érudit, personnalité<br />

truculente issue du Namurois, irrespectueux des hiérarchies reconnues, pratiquant<br />

une bohème accueillante, Jadin commençait à se faire un nom dans le<br />

domaine des sources écrites de l’histoire de l’Afrique du XVII' siècle. Mieux<br />

connu en Italie ou au Portugal qu’en Belgique, il était toutefois confiné à<br />

Louvain dans un certain isolement.<br />

C’est dans sa tradition, mais avec davantage de précision et de scrupule pour<br />

le détail, que Bontinck se consacra à la formule des publications de sources traduites<br />

en français. Ce choix lui fut dicté par le souci de s’adresser à un public<br />

congolais — une décision qui conduisit à de curieux alignements. A Lovanium<br />

en effet, elle vint en appui au mouvement de traductions inauguré à la même<br />

époque par Willy Bal, ardent défenseur de la francophonie wallonne. Entretemps,<br />

Marcel Storme, confrère de Bontinck et son contemporain au noviciat et<br />

à la Grégorienne, se consacrait à l’histoire moderne de l’Eglise au Congo, mais,<br />

écrivant le plus souvent en néerlandais, il s’adressa avant tout au public flamand<br />

[18].<br />

La première édition par Bontinck de textes consacrés à l’ancien Kongo sortit<br />

de presse en 1964 [19]. La publication d’éditions critiques de récits historiques<br />

anciens fut la porte d’entrée par laquelle lui-même, après Jadin, eut accès à la<br />

scène internationale. L’un et l’autre travaillaient en effet partiellement en<br />

parallèle avec le renouveau alors en cours de l’histoire de l’expansion portugaise.<br />

Retenons pour l’anecdote que le manque d’engagement politique de Bontinck<br />

en faveur des thèses historiques défendues par le régime de Salazar lui valut à<br />

l’occasion d’être accusé de faiblesse vis-à-vis des «communistes»!<br />

Les traductions françaises des sources intéressant l’ancien Kongo devaient,<br />

dans la pensée de leurs auteurs, rendre accessibles les textes anciens aux<br />

étudiants congolais. Cette ambition fut déçue: ce n’est que très exceptionnellement<br />

que des chercheurs congolais prêtèrent intérêt aux sources portugaises ou<br />

néerlandaises des XVI'-XVIIIe siècles.

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