Terres d'Éveil - Free

Par la suite, on m'a affirmé que, dans le canyon, les profanes
pouvaient entrer en transe et passer dans le monde des
esprits comme le font les chamans. J’ignore si c'est vrai, mais
cela pourrait expliquer la foule de personnes sous forme astrale
présentes ce jour-là.
>
On dit que la nation Ute continue à insister auprès du CCP
pour “l'assister” dans l'étude de Chaco Canyon et que le CCP
continue de lui opposer une fin de non-recevoir. Si ce blocage
devait perdurer, je suis sûr que les Utes finiraient par se tourner
vers d'autres moyens de se renseigner – comme faire main
basse sur ces rapports top secret que remplissent les chamans
pueblos.
Nox
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Ça ne va pas être du gâteau, avec la Matrice qu'ils ont làbas
; c'est du travail de pro, à mon avis. Je crois que je vais en
toucher deux mots à quelques types que je connais à Vegas...
(sourire).
Tenshi
>
>
Et moi qui pensais que les Nations des Américains d'Origine
faisaient bloc. Où est passée leur belle solidarité ?
JT
>
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D'où tu sors, bonhomme ? La fraternité tribale s'est évaporée
avant même que l'encre du traité de Denver n'ait fini de
sécher. Les NAO se préoccupent avant tout d'elles-mêmes, et
ensuite, seulement, du Conseil Tribal Souverain ; et le CCP est
peut-être celui qui a le mieux assimilé cette splendide notion
du chacun pour soi. D'ailleurs, une forte minorité de Pueblos
réclament la sécession depuis des années, et les dernières
mesures prises par le pays pourraient bien représenter un premier
pas dans cette direction.
Silent Sam
>
ANGKOR
Par Matador
Bon sang, je déteste le Sud-Est asiatique. Je préfère encore
faire la guerre dans n'importe quel autre coin du monde,
dans les forêts d'Amérique Centrale ou d'Amérique du Sud,
ou dans la savane africaine, ou encore me ramasser tellement
de radiations en Libye que je brillerais dans le noir comme un
sapin de Noël ; tout, plutôt que de devoir me battre dans l'un
des innombrables conflits qui déchirent le Sud-Est asiatique.
C'est peut-être la jungle, qui évoque irrésistiblement l'horreur
de la guerre du Vietnam ? Je ne sais pas. En tout cas, il y a
quelque chose là-bas qui me met les nerfs en pelote, comme
si une menace inconnue allait jaillir des sous-bois et m'arracher
la tête avant que j'aie eu le temps de dire ouf. Alors évidemment,
quand un vieux copain avec lequel j'avais servi en
Afrique m'a passé un coup de fil pour me proposer un boulot,
de quoi croyez-vous qu'il s'agissait ? De diriger une expédition
au Cambodge. Super.
Pour ceux d'entre vous qui ont la chance de n'y avoir
jamais mis les pieds, laissez-moi vous parler un peu du Cambodge.
Ça fait un peu plus de cent ans que les guerres s'y
succèdent sans discontinuer, et personnellement je serais
d'avis que la population jette l'éponge, abandonne le pays à
la jungle et parte tenter sa chance ailleurs (apparemment, je
ne suis pas le seul à penser ça, mais j'y reviendrai). Le gouvernement
local est pris en tenailles entre les nostalgiques
des Khmers Rouges, les triades rivales qui opèrent dans le Triangle
d'Or et les alliés des seigneurs de guerre chinois. Qu'on
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Terre d’Éveil
puisse avoir envie de diriger un endroit pareil, ça me dépasse,
mais je ne suis pas payé pour me poser des questions.
Il semble que depuis quelque temps, le gouvernement ait
un nouveau groupe rebelle sur les bras, potentiellement plus
dangereux que l'ensemble des autres réunis. Tout aurait commencé
dans un endroit appelé Angkor. Comme j'aime bien
savoir où je mets les pieds, même si c'est pour rendre service
à un vieux copain, j'ai effectué quelques petites recherches
à propos d'Angkor. En voici le résumé. Vous trouverez facilement
tous les détails dans la Matrice.
Angkor est une ville perdue au coeur de la jungle cambodgienne,
bâtie il y a environ mille ans par les Khmers, et
dont la construction s'est étalée sur plusieurs siècles. Son fondateur
était un prince khmer qui avait libéré les Cambodgiens
du joug des japonais. C'était un adepte du dieu hindou Shiva,
et il voulut remplir sa ville de temples à la gloire de Shiva et
des autres divinités du panthéon hindou. Il choisit de la bâtir
au bord d'un lac nommé Tonle Sap, dans la région nord-ouest
du Cambodge. Au début du XVe siècle, des envahisseurs
venus de Thaïlande mirent la ville à sac. Elle ne retrouva
jamais sa grandeur passée et fut abandonnée à la jungle jusqu'à
ce qu'un explorateur français la redécouvre en 1860.
Depuis, ses ruines sont considérées comme une attraction
touristique incontournable et comme l'un des trésors nationaux
du Cambodge.
>
Petite précision historique, la raison ayant conduit à l'abandon
d'Angkor par les Khmers n'a jamais vraiment été éclaircie.
L'invasion thaï a certainement été un facteur, mais l'Empire
khmer était puissant et sa défaite devant les Thaïs a
quelque chose de mystérieux. Certains anthropologues suggèrent
que la pénétration au sein de la population des derniers
courants bouddhistes aurait pu développer en elle un
mouvement pacifiste, qui en aurait fait une proie facile pour
les envahisseurs ; d'autres parlent de sécheresses ou de moussons
qui auraient sinistré l'agriculture régionale. D'autres encore
racontent qu'un roi d'Angkor aurait fait noyer le fils d'un
prêtre bouddhiste dans le Tonle Sap, et que les dieux irrités
auraient fait sortir le lac de ses rives pour submerger la ville.
Cleo
>
>
Autre précision : Angkor, c'est vaste. Les ruines s'étendent
sur plus de 100 kilomètres carrés et devaient probablement
abriter un demi million de personnes au temps de leur grandeur,
ce qui faisait d'Angkor la plus grande ville du monde
à l'époque. Beaucoup de bâtiments sont toujours intacts,
en particulier les palais et les temples, dont plus d'un se
dressent sur plusieurs étages. On pourrait camoufler une
petite armée là-dedans – surtout si les gars savaient se
fondre dans le terrain.
Ranger X
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Le gouvernement cambodgien avait apparemment eu
vent de la constitution d'un nouveau groupe rebelle près
d'Angkor. Soucieux à la fois de protéger ce monument historique
et d'étouffer dans l'oeuf les germes d'une nouvelle
rébellion, il avait recruté des mercenaires pour pallier l'insuffisance
de ses troupes et effectuer une reconnaissance. Mon
pote était l'un de ceux qui avaient répondu présents, et il
m'avait appelé à la rescousse (je m'assurai d'être payé en
nuyens certifiés ; l'économie cambodgienne bat de l'aile, et sa
monnaie ne vaut pas les électrons qui la transmettent).
Donc, nous voilà partis vers Angkor à travers la jungle
pour aller voir ce qui s'y trame. Nos ordres étaient d'estimer