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N’empêche, cette différence, ce fossé entre la compétence du<br />
courant Louise Burgos et les bloquistes historiques, ça s’est bien<br />
senti avec ces municipales.<br />
Au bout de six mois, même si la presse mettait toutes les<br />
mairies bloquistes dans le même sac, il était manifeste que<br />
Lancrezanne et Haldol-Vodka déconnaient complètement<br />
tandis que Louise Burgos obtenait des résultats très concrets et<br />
savait, contrairement à l’équipe lancrezannaise, faire parler<br />
d’elle en bien, sans provocation.<br />
Dorgelles a envoyé Agnès et Antoine à Lancrezanne, pour<br />
voir s’ils ne pouvaient pas donner un coup de main. Bien sûr,<br />
j’étais du voyage. En plus, ça devenait une affaire de famille.<br />
L’adjoint aux finances, un banquier de Lancrezanne, Bruno<br />
Valargues, avait épousé Emma Dorgelles quelques mois avant<br />
l’élection. On avait espéré que ce type serait compétent, mais il<br />
était totalement alcoolique, lui aussi. Défoncé au Casanis à huit<br />
heures du matin, au bandol à midi et au Laphroaig le soir.<br />
À Lancrezanne, quand Antoine a pris la mesure de la<br />
situation, il a cru qu’il allait devenir dingue.<br />
C’était au moment des fêtes, il y avait des guirlandes partout<br />
en ville. Mais on n’a pas eu le temps de faire du shopping.<br />
C’était le bordel à tous les points de vue et la préfecture en<br />
rajoutait en bloquant tous les projets de la ville pour toutes les<br />
raisons possibles. On se retrouvait, par exemple, avec un tunnel<br />
routier qui devait désengorger la circulation entre l’Arsenal et le<br />
centre-ville et qui restait en chantier, faute de permis renouvelé.<br />
C’étaient des embouteillages hallucinants à toute heure du jour<br />
et de la nuit.<br />
<strong>Le</strong>s séances du conseil municipal, elles, tenaient de la foire<br />
d’empoigne. <strong>Le</strong>s conseillers d’opposition ne voulaient plus<br />
siéger, mais ça n’empêchait pas les bloquistes élus de se détester<br />
entre eux et même parfois de se foutre sur la gueule pour la plus<br />
grande joie des localiers qui n’en manquaient pas une.<br />
Vodka-Haldol et sa femme avaient aussi pris l’habitude,<br />
chaque vendredi soir, de faire défiler les jeunes du <strong>Bloc</strong>, tous en<br />
jeans impeccables et chemises blanches, sous le balcon de la<br />
mairie. Pour en rajouter encore dans la discrétion, le maire leur<br />
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