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À ce moment-là, le portable d’Antoine sonna.<br />
C’était l’époque des premiers téléphones de ce genre et<br />
Antoine s’excusa en sortant l’appareil qui déformait la poche de<br />
sa veste. La réception était mauvaise à l’intérieur du patio et il<br />
sortit sur le cours Labourdette pour enfin entendre<br />
correctement.<br />
Quand il revint au bout de quelques minutes, il avait l’air<br />
décomposé. Il venait de parler avec Agnès.<br />
Ça s’était très mal passé chez Emma. <strong>Le</strong> repas avait tourné<br />
au cauchemar. Bruno s’était montré de plus en plus violent, puis<br />
il avait giflé Agnès et, complètement bourré, venait d’emmener<br />
de force Emma dans son cabriolet Mercedes.<br />
Je m’en voulus de ne pas avoir anticipé. J’avais été en<br />
dessous de tout : Agnès risquait bien plus là-haut avec l’ivrogne<br />
sous contrôle judiciaire qu’Antoine avec le charmant Dellarocca.<br />
Et là, maintenant, Agnès était seule et ne savait pas quoi faire.<br />
Elle avait le bébé sur les bras et il n’arrêtait pas de pleurer.<br />
Antoine a dit : Est-ce qu’il faut appeler les flics ?<br />
J’ai dit : T’affole pas, Antoine.<br />
J’ai dit : On y va maintenant.<br />
J’ai dit : Ça va s’arranger.<br />
Évidemment, rien ne s’est arrangé et tout est arrivé en même<br />
temps.<br />
Dellarocca nous a proposé son aide, mais on l’a remercié en<br />
lui disant que ce n’était pas la peine qu’il se mouille. Antoine a<br />
précisé qu’il préférait le garder en réserve pour la ville sans le<br />
mêler à ce qui menaçait d’être un merdier monumental.<br />
Dellarocca s’est éclipsé avec discrétion. J’aurais aimé<br />
ressembler à ce mec. Malgré son âge, il devait avoir moins de<br />
mal que moi à convaincre ses jeunes recrues d’aller au pieu. Il<br />
avait réglé l’addition, en plus.<br />
On est allés récupérer Agnès et le bébé, et on est revenus à<br />
l’hôtel. Avec Antoine, tout l’après-midi, on a activé les GPP<br />
locaux et leurs contacts chez les flics pour chercher sans que ça<br />
fasse trop de bruit où pouvaient bien être passés Bruno et<br />
Emma.<br />
Vers seize heures, un inspecteur sympathisant nous a<br />
prévenus sur le portable d’Antoine qu’on venait à l’instant de<br />
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