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— J’arrive par l’avion de sept heures cinquante-huit. Je serai<br />
seulement avec Loux. Je ne veux pas de comité d’accueil, à part<br />
toi et Stanko. C’est compris ?<br />
Antoine a dit oui.<br />
<strong>Le</strong> lendemain matin, on est allés récupérer Dorgelles et Loux<br />
à l’aéroport. L’avion avait un peu de retard. Dorgelles a<br />
embrassé Antoine sans commentaire, m’a serré la main et a<br />
demandé où était la voiture. On est montés dedans, j’étais au<br />
volant, Loux à côté, Dorgelles et Antoine à l’arrière.<br />
On dit quoi à un père qui vient de perdre sa fille et qui n’a<br />
pas l’air de vouloir en parler ?<br />
— Stanko, tu nous emmènes directement au CHR, s’il te<br />
plaît.<br />
On a roulé dans le silence.<br />
— La lumière est très belle, par ici, non ? Vous verriez à<br />
Paris. C’est gris, pluvieux…<br />
Ce fut la seule parole que Dorgelles prononça jusqu’à ce que<br />
je me gare dans le parking du CHR.<br />
Ensuite, il a eu un bref entretien avec des médecins et, à<br />
notre grande surprise, il a demandé à voir son gendre, Bruno,<br />
dont le taux d’alcoolémie était de plus de deux grammes au<br />
moment de l’accident.<br />
On est entrés à quatre dans la chambre. Bruno dormait. Il<br />
était relié à une perfusion et à un moniteur. Dorgelles a tiré une<br />
chaise près du lit et il a secoué doucement l’épaule de son<br />
gendre, avec une voix calme et assez terrifiante parce qu’elle lui<br />
était complètement inhabituelle.<br />
— Bruno, Bruno, mon petit, allez, ouvre les yeux.<br />
Valargues s’est enfin réveillé, a vu le visage de Dorgelles, a<br />
compris et a voulu appeler l’infirmière. Dorgelles l’en a empêché<br />
en lui enserrant l’avant-bras dans sa main artificielle.<br />
— Ne t’inquiète pas, mon petit Bruno. Je ne te veux pas de<br />
mal. Pas tout de suite, en tout cas. Au contraire. Je veux que tu<br />
te rétablisses, tu comprends, je veux que tu sois en parfaite<br />
santé quand tu sortiras. Pour que Stanko que tu vois là, allez,<br />
dis bonjour à Stanko, ou un autre, puisse s’occuper de toi. Tu as<br />
tué Emma, comprends-tu, tu feras peut-être de la prison, peutêtre<br />
même pas, mais ça, vois-tu, de toute façon, ça ne me suffit<br />
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