etudes binchoises revue de la société d'archéologie et des amis du ...

Binche aux premiers temps de l'occupation
allemande, d'après un récit inédit
(août 1914 - février 1915)
Le récit qu'on va lire est transcrit, en écriture bien lisible, dans
un grand registre cartonné (31 x 20 cm) qui renferme un nombre
important d'indications d'ordre pharmaceutiques couvrant les années
1904 à 1907. Selon toute vraisemblance, on a dû profiter des pages
encore vierges de ce registre - mis probablement au rebut - pour y
recopier le texte d'une longue lettre datée primitivement du 23 août
1914, et poursuivie dans les jours suivants. Nous utiliserons à dessein le
terme "recopier", car le brouillon de la dite lettre (38 pages volantes in-
8°) subsiste toujours, et est inscrit dans le dit registre. La lettre en
question n'a jamais été envoyée. Si on avait cru pouvoir le faire à la fin
du mois d'août 1914, cet espoir s'est bien vite envolé, mais on a tenu à
garder le texte et à le continuer en consignant toutes les nouvelles que
l'on avait d'abord pensé communiquer à un frère, une sœur, des nièces.
Le brouillon et la copie sont de la même écriture, et minimes
sont leurs divergences. Le récit qu'ils nous livrent a été rédigé très
certainement au jour le jour, et dans une optique de femme attentive à
relever tous les faits frappants (sans parler des "on dit" !), avec une
insistance particulière toutefois sur les points touchant l'ordre ménager.
L'orthographe est largement défectueuse (le pluriel des verbes
notamment n'est pour ainsi dire jamais observé) et la syntaxe parfois
fantaisiste; aussi avons-nous cru bien faire en les corrigeant
habituellement dans le texte que nous publions, de manière à prévenir
une trop grande lassitude chez le lecteur.
L'auteur du récit (qui occupe les pages 626 à 648 du registre
dont nous avons parlé) n'est autre que ma grand'mère paternelle,
Marie-Thérèse Hernoux (née à Fraire, le 22 janvier 1851, et décédée à
Binche, le 13 février 1921) épouse d'Alphonse Milet. Bien que le texte ne
soit pas signé, aucune hésitation à ce sujet : l'écriture est probante, car la
comparaison a pu être faite avec d'autres documents rédigés à coup sûr
par ma grand'mère, et, bien entendu, lorsque celle-ci parle de "Léon",
c'est de mon père qu'il s'agit : Léon Milet installé dans son officine
pharmaceutique de la Grand'rue depuis l'année 1907.
Ma grand'mère paternelle n'étant pas binchoise, son attention
se portera de temps à autres sur le pays de Charleroi où résidaient
plusieurs membres de sa famille. N'empêche que ce qu'elle nous
rapporte, en toute simplicité et bonne foi, sur la vie binchoise fourmille
de détails qu'on chercherait en vain ailleurs, et qui méritent de sortir de
l'ombre où bon nombre d'entre eux étaient plongés depuis plus de 80
ans.
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