etudes binchoises revue de la société d'archéologie et des amis du ...

Ce concours des fonctionnaires publics et des prêtres à porter le
découragement, à provoquer le désordre et le meurtre, l'impunité dont
ils jouissaient tous, avaient tellement enhardi les mauvais citoyens, que
dans un pays conquis, réuni nouvellement à la France, où le
Gouvernement doit être plus rigoureux et la circonspection plus grande,
on chantait cependant publiquement des hymnes à l'honneur du prince
Charles (60).
Le 18 fructidor dans l'après-midi, une proclamation du
Directoire était publiée (61) portant en son article 1er : "Tout individu
qui se permettrait le rappeler la royauté, la Constitution de 1793 ou
d'Orléans, sera fusillé à l'instant", et, le lendemain, était votée la loi du
19 fructidor cassant les élections dans 49 départements (dont celui des
Deux-Nèthes) et condamnant à la déportation 53 députés (42 des Cinq-
Cents, et 11 des Anciens). La même loi autorisait le Directoire à
pourvoir au remplacement des élus locaux invalidés, en attendant les
élections de l'an VI; des peines sévères étaient également édictées
contre les émigrés et les prêtres réfractaires.
Le coup d'Etat du Directoire et la loi du 19 fructidor furent
assez rapidement connus dans le département de Jemappes. Dès le 8
septembre dans l'après-midi, la proclamation du Directoire était
affichée à Mons et à Tournai (62), et il est vraisemblable qu'il en fut de
même à Binche. Le 24 fructidor (10 septembre) en tout cas, le
Commissaire Long convoquait déjà pour le 27 (13 septembre) une
réunion extraordinaire de l'Administration municipale à l'effet de faire
publier dans toutes les communes du canton (chose qui n'avait pas
encore été réalisée) la fameuse loi du 7 vendémiaire sur la police des
cultes, annonçant qu'il dénoncerait sans hésiter les agents qui se
montreraient réfractaires à cette mesure (63). Il fallut bien s'y résoudre,
et, ce même jour, la publication officielle de la loi fut enfin décidée à
Binche et dans toutes les communes du canton (64).
Le lendemain, 28 fructidor, l'Administration départementale
élue en germinal était destituée (une des toutes premières), et ses
membres remplacés par des républicains de gauche. A peine entrés en
fonction, les nouveaux administrateurs licenciaient, le 4 vendémiaire
(25 septembre 1797), tous les employés et tous les surnuméraires
nommés depuis les élections de l'an V (65). Binche doit-il être compté
au nombre des 17 municipalités (17 sur 28) du département qui furent
soumises à une "épuration forcée (66) ? Nous ne sommes pas parvenus
à le savoir, mais il ne semble pas, si l'on en juge par les reproches
répétés de "négligence", de "léthargie honteuse", de "coupable
insouciance" que la nouvelle Administration centrale ne cessa de lui
adresser à la suite de dénonciations portées contre elle par le notaire
Hippolyte Lecocq (67). Une chose en tout cas est certaine, le 24
septembre, à la suite d'une réquisition du Commisaire du Directoire
(68), la Municipalité de Binche fut forcée d'ordonner que les "églises du
canton soient fermées tant qu'il n'y aura pas un ministre du culte ayant
fait la soumission requise par la loi -" (69). Conséquence: les fidèles
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