etudes binchoises revue de la société d'archéologie et des amis du ...

NOTES
représentatif, et que ceux dont les talens, la moralité et le civisme eussent
été d'un grand secours dans différents postes importans s'en sont
éloignés de crainte d'être confondus avec des hommes tarés dans
l'opinion générale.
D'un autre côté, des agens de l'Autriche intéressés au rétablissement
de l'ancien ordre cles choses, se remuent en tous sens pour alimenter le
mécontentement. La superstition nourrie par des prêtres soustraits à la
surveillance de la police; des mesures arbitraires employées par des
fonctionnaires et leurs subalternes; de grands pouvoirs remis dans les
mains d'hommes ineptes ou tyranniques; les abus qui en sont résultés,
les funestes effets qui s'en sont suivis; la verge de fer qui enchaîna la
liberté des suffrages dans les assemblées politiques; les moyes odieux
mis en usage pour s'en emparer; la nullité du peuple, l'audace de la
minorité appuyée par les dépositaires de l'autorité; le désespoir des
hommes vraiment libres; le triomphe de la partie du Peuple la plus
corrompue et la plus justement exécrée, toutes ces causes ont utilement
secondé dans leurs vues et leurs actions ces hommes qui toujours
attachés à faire regretter un régime auquel leur intérêt est
immédiatement lié, tirent parti de toutes les circonstances pour faire
abhorrer celui qu'on aurait pu si facilement faire adorer, mais dont les
bienfaits n'avaient malheureusement jusqu'ici existé qu'en théorie. (154).
(1) Les Constitutions de la France depuis 1789, Paris, Garnier-Flammarion, 1970,
pp. 93-141. Jacques GODECHOT qui présente cet ouvrage fait à propos de la
Constitution de l'an III quelques remarque intéressantes; il signale entre autres
que Boissy d'Anglas, un des rédacteurs de la dite Constitution, déclarait à qui
voulait l'entendre que la France devait être gouvernée par "les meilleurs", c'està-dire
selon lui, par "les plus instruits et les plus intéressés au maintien des lois"
donc par "ceux qui possédaient une propriété"; et un autre rédacteur, Daunou,
disait de son côté qu'il fallait "écarter ceux qui n'ont rien" car "en général,
l'indigence suppose la fainéantise ou la paresse". On était décidément bien loin
de la révolution populaire des premiers temps; la bourgeoisie prenait les rênes
du pouvoir, à preuve l'élimination d'un des articles les plus significatifs de la
Déclaration de 1789: "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en
droits", article, prétendait-on, qui aurait pu fournir le prétexte d'une
réclamation en faveur de l'égalité économique (p. 95). A noter encore, toujours
selon M. Godechot, que la Belgique n'était pas mentionnée dans le titre 1er
traitant de la division du territoire français "de sorte qu' on pourra douter de la
validité de son annexion, votée par la Convention trois jours après la clôture du
référendum" (p. 9).
(2) Cité par Prosper POULLET, Quelques notes sur l'esprit public en Belique
pendant la domination française (1795-1814), Gand, 1896, p. 17 (= POULLET).
86