etudes binchoises revue de la société d'archéologie et des amis du ...

A ce moment, quatre citoyens qui viennent d'entrer - Ursmer
Delcourt, Charles Blairon (86), Olivier Dutilleux et Louis Masuy -
demandent à être admis au vote. Contrôle fait de leur identité, ils sont
agréés. Par contre, la demande introduite par un candidat de gauche, le
citoyen Godart (87), receveur des domaines et de l'enregistrement, est
repoussée pour défaut d'une année d'habitation dans le canton, exigée
par l'article 17 de la Constitution de l'an III. Un certain énervement
s'étant manifesté à ce sujet parmi les membre de l'Assemblée, et l'heure
s'avançant, la séance est levée et l'élection remise au lendemain.
La journée du 4 germinal (samedi 24 mars) s'ouvrit dans le
tumulte dès avant 9 heures. Le président eut beau agiter sa sonnette,
des cris de "Chouans, Royalistes" s'élèvent poussés principalement par
un petit groupe où l'on peut reconnaître les trois frères Honorez (Fidèle,
Louis et Joseph) Nicolas Carlier, Joseph Cohendos, Joseph Long,
Alexandre Hocquart, Adrien Michel et Célestin Lecocq (88). Ecoutons
plutôt le rapporteur de l'Assemblée-mère:
Le Bureau reçoit des mêmes individus les mêmes invectives; le
président rappelle ces citoyens à l'ordre, mais infructueusement. Le
citoyen J. Long s'élance à corps perdu et en désespéré sur le citoyen
Gabriel Despatures (89), vieillard âgé de cinquante-quatre ans, entouré
de sa capotte et assis paisiblement, le saisit au col et lui déchire la
chemise, et, sans le secours du citoyen Abel Leroy, le citoyen Desparures
courroit le risque de la vie. D'un autre côté, dans l'enceinte de
l'assemblée, Louis et Joseph Honorez étoient armés d'une chaise levée
pour également frapper ceux que leur rage avoit désignés. La majorité
de l'assemblée y mit obstacle, mais rien n'arrête les machinations du noir
complot tramé contre la souveraineté du Peuple. Les cris de chouans se
répètent. Le président voit son autorité avilie et méprisée. Et, dernière
insulte portée à la souveraineté du Peuple, le citoyen Joseph Long
s'élance comme un furieux sur une table vis à vis du Bureau où siègent
tout ses membres; il crie, avec hurlemens et gestes indécens, aux
royalistes que l'assemblée est dissoute; il sort alors comme un furieux de
l'enceinte accompagné de ses comparses dont Célistin Lecocq qui se
retourne en menaçant du poing.
Le citoyen Gabriel Despatures a la parole; il s'approche du Bureau et
fait ostension de sa chemise déchirée par la colère du citoyen Long. Par
amendement, les citoyens T. Buisseret, François Conreur et Florent
Gathier observent qu'ils ont vu le dit Célestin Lecocq appliquer à Joseph
Despatures qui voulait défendre son père, un soufflet tant sur la joue
que sur la lèvre, observant en outre que le dit Célestin Lecocq n'ayant
pas droit de vote, aux termes de la Constitution (90), il ne peut s'être
rendu dans cette assemblée que pour grossir le nombre des turbulens
précités.
Telle est la version des faits donnée par le rapporteur de
l'Assemblée-mère. Bien entendu, ce ne fut pas celle de l'Assemblée
scissionnaire dont nous possédons également le rapport. Au début de
ce texte, le secrétaire de service - ce fut le citoyen Godart - résume
d'abord à sa manière la journée du 23 mars. Selon lui, à partir du
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