etudes binchoises revue de la société d'archéologie et des amis du ...

La Suppression du couvent des
Sœurs Noires,
rue Saint-Jacques, à Binche
(1796-1798)
"1er fructidor an 4 -18 août 1796 : On s'attend, à chaque instant, à
la suppression du clergé régulier et de corporations religieuses" (1).
Cette déclaration d'un chroniqueur tournaisien, tout le monde aurait
pu la faire dans les neuf départements réunis. Nul n'ignorait que le
Directoire songeait depuis longtemps à cette suppression, et que seules
des considérations relevant à la fois d'une prudence assez élémentaire
et d'une tactique bien concertée en avaient retardé l'exécution (2). On
avait eu connaissance, dans nos régions, du Rapport fait au nom d'une
Commission spéciale sur le message du Directoire exécutif concernant les
monastères de la ci-devant Belgique (3) présenté à Paris, au Conseil des
Cinq-Cents, par le député Mailhé (4), rapport dans lequel on pouvait
lire en toutes lettres: "Trop précipitée, la suppression des religieux
n'aurait peut-être pas pu s'opérer sans troubles dans la ci-devant
Belgique; aujourd'hui, elle y sera reçue avec reconnoissance", et
l'orateur d'insister alors sur Y "immense avantage" qu'allait procurer à
la République la vente des biens d'Eglise "source de la prospérité
individuelle et nationale et sûr garant de la marche triomphale du
Gouvernement"; "nous pensons, estimait Mailhé, que de ces biens, il
faut, en effet, distraire au profit de la République l'argenterie des
églises et chapelles, les effets des sacristies, les bibliothèques, livres et
manuscrits, les médailles, les tableaux, et abandonner tout le reste aux
possesseurs actuels" (p. 5). Des plumes courageuses s'étaient bien
efforcées de combattre ces allégations (5), mais rien n'y fit. La loi de
suppression des corporations religieuses, proposée au Conseil des
Cinq-Cents le 20 août, fut adoptée par celui-ci le 24, et votée, le 1er
septembre, par le Conseil des Anciens; c'est la fameuse loi du 15
fructidor an IV dont les effets devaient se faire sentir, en notre pays,
jusqu'en 1830, date à laquelle les ordres religieux purent enfin
reprendre une existence légale (6).
Le 13 septembre, le Ministre des finances envoyait le texte de la
loi à l'Administration centrale du département de Jemappes, et celle-ci
en ordonnait immédiatement la publication, tout en invitant la régie
des domaines à s'occuper sans tarder de son exécution (7). Le 15, la loi
était affichée à Mons (8), des commissaires spéciaux étaient nommés
par le Directeur de l'enregistrement, et, le 28, quatre d'entre eux se
présentaient rue Saint-Jacques à Binche, au couvent des religieuses
Augustines couramment appelées, chez nous, Sœurs noires. Les
commissaires en question se nommaient : Dobignies (9), Melsnyder
(10), Lecocq (11) et Poncelet (12).
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