etudes binchoises revue de la société d'archéologie et des amis du ...

courant des affaires, ils renvoient les fonctionnaires belges, et
gouvernent eux-mêmes.
Mercredi 9 - Toujours des Allemands. Ils ont fait aujourd'hui
une proclamation. L'heure belge sera remplaçée par l'heure allemande.
Quand il sera onze heures, il sera midi. C'est une vexation que l'on subit
et que l'on réprouve; c'est mal agir. Les gens de Grand Reng et
d'Erquelinnes retournent chez eux aujourd'hui.
Jeudi 10 - Encore toujours, depuis deux heures du matin jusque
7 heures du soir, un roulement continu. Cela fatigue; on se retire
derrière pour ne plus voir et pour moins entendre. On voit des
véhicules de toutes sortes.
Vendredi 11 - Le canon tonne. On dit que les gens d'Harvengt
aux environs de Mons se sauvent. C'est bien sûr qu'il y a une bataille.
Ce soir, coucher à 8 heures de peur d'avoir encore à loger.
Samedi 12 - Toujours des soldats et des autos, mais un peu
moins. Mais, après-midi, il en arrive encore et encore; ils chantent; une
grande partie s'arrête sur la Grand rue et se répand sur la Place et
partout. On en voit dans tous les magasins, surtout où on boit et où on
mange, et vont loger. J'ai fermé à cinq heures, et je n'en ai pas eu, par
bonheur. Ils ont mis des affiches pour proclamer leurs victoires, et les
civils s'en moquent bien entendu, car il n'est pas encore défendu de ne
pas les croire. Selon eux, ils ont toujours gagné, perdu peu d'hommes et
fait beaucoup de prisonniers, tandis qu'au contraire on dit qu'ils ont
déjà perdu 350.000 hommes en Belgique et en France. Après-midi,
encore beaucoup de blessés qu'ils ramènent avec leurs autos
continuellement, et leurs morts dans des fourgons. Ce qu'il doit déjà en
avoir dans ce pays-ci ! Chez le boucher, une personne disait que la
province de Namur était dévastée; qu'il y avait quatre cents civils
fusillés à Tamines, des maisons détruites à Auvelais sur la Place, et de
vous tous pas de nouvelles.
Dimanche 13 - Tout ce qui est arrivé hier est reparti aujourd'hui
à 7 h. du matin avec du matériel et les cuisines roulantes. Il reste à peu
près trois cents hommes qui vont demeurer, et des autos, sans compter
les blessés dont le nombre est énorme. Ils voyagent en ville avec un
tram à deux voitures sans se servir des rails. On a bien vu des choses
dont on n'avait pas d'idée : des machines pour faire des chemins, des
ponts de bateaux, des mitrailleuses, des canons, de tout, et l'on peut
dire que leur matériel est de première force et à la perfection; des
centaines et des centaines d'autos, et jamais de panne.
Lundi 14 - Ils patrouillent dans la ville. Il y a autant
d'autrichiens que d'allemands. On a porté au cimetière un chariot plein
de blessés français morts, avec une escorte de Français et d'Allemands.
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