etudes binchoises revue de la société d'archéologie et des amis du ...

quatre heures. Je ne me suis levée que vers cinq heures et demie. Ils se
lavaient, se peignaient et faisaient le café. A sept heures, ils étaient
partis, mais quelle maison ! des loques, des chaussettes, des débris de
toutes sortes; et cela sentait tellement mauvais que c'était à suffoquer.
J'ai eu de quoi laver et aérer ! Après leur arrivée, lorsque j'étais montée
en haut, la porte de la chambre de derrière était fermée et la clef
enlevée. Je l'ai réclamée. Celui qui l'avait était parti et devait rentrer à
six heures. Quand j'ai eu la clef, je suis entrée, et dans mon armoire sur
laquelle était la clef, tout avait été retourné, et une boite de chocolat de
six livres (à 1 fr. 25) était vide : coût 7 fr. 50. Sur le moment, j'ai été bien
fâchée et sans oser rien dire, mais maintenant, je leur donne de bon
cœur; les pauvres hommes, ils sont peut-être tués.
Samedi 29 - Ceux-ci sont partis, mais il commence encore à en
arriver, et l'on entend le canon depuis midi. La ville est toujours pleine
de soldats et tous les lieux, à la disposition des blessés, remplis. Ce soir,
ils sont partis au moins à quarante automobiles pour aller chercher des
blessés du côté de Merbes-le-Château et Vellereille.
Dimanche 30 - Toujours la même chose. L'on nettoie les maisons
et les écuries où ils sont passés. En allant à la messe, il y avait déjà une
proclamation : on devait porter tous les pigeons à une grande maison
inoccupée et appartenant à Mr Brachot de Charleroi. Il n'y a pas de
localité où il y ait autant de pigeons qu'à Binche. Tout le monde fait
partie de sociétés. Il y en a qui ont quarante ou cinquante pigeons. Je
crois qu'il y en aura bien cent mille et tout cela pour les Allemands
manger, alors que certains pigeons rapportent mille francs à leur
possesseur. Et la maison qu'elle sera propre ! Ce que l'on apprend :
Namur pris, la Hollande bombardée et inondée. Louvain détruit,
surtout ce qu'il y avait de mieux : la bibliothèque, unique au monde,
brûlée. A midi, les gens de Grand Reng, à une heure d'Erquelinnes et à
4 heures de Binche, arrivaient avec des mannes, des paquets, des
baluchons; on avait fait évacuer tous les habitants; une partie est venue
à Binche où on met les ateliers où on ne travaille plus, à leur
disposition. Le canon tonne depuis 3 heures du matin, et finit vers cinq
heures du soir; donc quatorze heures. On ne sait pas encore le résultat.
Les Allemands disent qu'ils ont pris deux forts à Maubeuge. Les gens
de Grand Reng arrivent en masse et aussi ceux des environs de ce lieu;
ils sont passés toute l'après-midi. Pauvres gens ! Quand on voit cela, on
ne peut plus se plaindre : des petits enfants dans leur berceau, des
malades dans des voitures, des vieux, des vieilles qui ne savaient plus
marcher. Toutes les autos sont encore prêtes à aller chercher les blessés.
Ils ont jusque des autos d'excursion qu'ils ont pris probablement, et
dans lesquelles on peut mettre cinquante personnes. Le matin, comme il
y avait des rassemblements pour regarder apporter les pigeons, ils ont
chassé tout le monde à coups de cravache. Je vous assure qu'ils font
mieux ce service que les gardes civiques, et pour finir comme je montais
pour aller coucher, voici que l'on frappe à la porte. Je descends ouvrir à
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