etudes binchoises revue de la société d'archéologie et des amis du ...

etire de la lice, mais ce n'est que momentanément, et il ne se livre pas
moins, mais sourdement, aux travaux cachés par lesquels il veut attacher
à lui des hommes entreprenans (...) Ces hommes que j'ai si souvent
désignés, revêtus du pouvoir qui était le leur en l'an V, parcourent les
cantons, cherchent à capter les suffrages et flattent les ignorans qui
déplorent en ce moment le malheureux sort des prêtres, en déversant
obstinément de viles calomnies contre le Gouvernement dont la triple
force a détruit pour jamais les idoles monstrueuses qu'adoraient ces
supers titieux.
Un troisième parti se forme pour balancer les intrigues des deux autres.
C'est le plus intrigant de tous, c'est celui qui prépare les moyens avec le
plus d'astuce et de fourberie, qui sait créer au besoin tout ce que la
corruption peut avoir de plus raffiné; c'est celui des agioteurs. Il n'est pas
de moyens que ces sangsues du Peuple n'emploient pour le tromper et
égarer l'opinion publique (151).
Le désarroi qui suivit les élections de l'an VII est bien marqué
dans une lettre envoyée le 29 floréal (18 mai 1799) nar l'Administration
centrale du département de Jemappes au ministre de l'Intérieur :
Les agens se tiennent opiniâtrement dans une apathie révoltante; les
uns par insouciance, d'autres par crainte des menaces qui leur sont faites
par des malveillans; d'autres enfin par des motifs criminels; déjà
plusieurs de ces derniers sont frappés de suspension; nous faisons
informer contre eux, et nous mettons sous les yeux du Gouvernement le
tableau fidèle de leurs prévarications. Abandonnés à nous-mêmes et ne
pouvant espérer de réussir par la persuasion la voie de la force est notre
unique ressource. (152).
Nous laisserons le soin de tirer la conclusion dernière non plus
à un Fançais mais à quelqu'un de chez nous qui a rempli, lui aussi, les
fonctions de Commissaire départemental à Mons en 1799, le citoyen
Ambroise Depuydt, le futur gouverneur de la province du Hainaut
(153):
Esprit Pubic : Il faut être de ces contrées ou y avoir résidé depuis quelque
tems pour se faire une idée saine de l'esprit public qui sera toujours un
dédale inextricable pour quiconque voudra l'apprécier du premier coup
d'oeil.
C'est à tort que l'on dirait que le Peuple de ce pays est attaché au
Gouvernement autrichien; il le déteste au contraire, et son insurrection
dans les années 1787 et 1789 (v. st.) a prouvé à l'Europe combien il était
impatient du joug de la Maison d'Autriche. Il n'aime pas davantage le
Gouvernement français. On le doit à l'arbitraire, aux exactions de tout
genre. II a fini par regarder comme ses tyrans ceux qu'il avait d'abord
reçus comme ses libérateurs.
En effet, citoyen Ministre, rien n'a été épargné pour aliéner à la France
des coeurs nés français et intimement attachés à cet empire sous les
rapports des goûts, des moeurs et des usages.
On était parvenu à exaspérer tellement les esprits que des patriotes
jadis prononcés ont presque douté de la possibilité d'un Gouvernement
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