etudes binchoises revue de la société d'archéologie et des amis du ...

il ne reste plus rien. C'est un homme de Binche qui en est revenu. Il va
porter du chocolat de la fabrique Fernand Levie; il en a porté pour deux
mille francs chez mon frère, et c'est celui-ci qui l'a envoyé chez moi, et
mieux que cela, il m'a montré une liste de blessés d'Anvers, et j'ai lu :
Jules Miserque, 4me Chasseurs, né à Morialmé. S'il faut le plaindre
d'être blessé, il faut tout de même mieux ainsi car quand il est à
l'ambulance, il ne risque plus sa vie à la bataille.
Lundi 5 - Les Allemands qui occupaient Merbes-le-Château sont
partis, probablement comme renforts pour une prochaine rencontre.
Mercredi 7 - On a réquisitionné toutes les autos et les motos,
c'est-à-dire ce qui en reste, car on avait déjà tout pris. On se demande ce
qu'ils veulent faire; si ce n'est pas plutôt pour que nos soldats ne les
aient pas s'ils venaient par ici.
Vendredi 9 octobre - Grande affaire ce matin. On a mis les cordes
comme pour la foire, et en effet c'était une foire où l'on n'a jamais vu
tant de chevaux. Nos Belges en avaient pris un contingent au début de
la guerre, mais on pouvait encore avec ceux qui restaient faire les
travaux de culture et les voiturages. Mais voici que les Allemands ont
fait venir tous les chevaux pour choisir ceux qui leur conviennent, et il
paraît qu'ils en ont pris les deux tiers. Enfin on ne veut rien nous laisser,
on veut tout prendre. Aucun de vous n'a jamais vu autant de chevaux :
cinq rangs, tous surpris, sur toute la foire, et sur la Place des vieux dont
on voyait tous les os, des boiteux, des petits, des juments pleines, enfin
de toutes les sortes. Quand ils ont été partis, il y avait trois doigts de
crottin partout. Comment va-t-on faire les labourages maintenant, et les
voiturages ? Qu'allons-nous devenir l'hiver ?
Samedi 10 octobre - Ils sont passés avec une vingtaine de
tombereaux et de charrettes qu'ils ont encore requis quelque part. On a
repris l'heure belge, et l'on donne du sel par distribution comme pour le
pain. Le sel vient de chez Solvay à Marcinelle.
Lundi 12 octobre - Je suis partie à 7 heures 10, par le tram pour
La Louvière - Morlanwelz - Jolimont - La Hestre - Anderlues - Fontainel'Evêque.
A Fontaine, sur une charrette jusque Marchienne. A
Marchienne, on donne 50 centimes au tram jusque Charleroi où je suis
arrivée à Hhl5. Quelle destruction et comme c'est triste, vous l'avez vu
comme moi. J'ai été pour toucher mon argent, mais je n'ai reçu que la
moitié de ce qui m'est dû, et aucun moyen pour réclamer. Je n'ai fait que
passer chez Jules [Hernoux, époux d'Odile Jacquet], car je devais être
partie de Charleroi avant deux heures pour avoir le dernier tram à La
Louvière qui partait à cinq heures et des minutes; je ne voulais pas
risquer de loger à La Louvière. Jules m'a dit hâtivement que vous étiez
allés chez lui le vendredi; il m'a parlé de Clément, de Jules, de Joseph,
Emile et Joséphine [tous membres de la famille Hernoux], et depuis, je
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