15.07.2013 Views

LES VOYAGES DE GULLIVER

LES VOYAGES DE GULLIVER

LES VOYAGES DE GULLIVER

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

emportait ma boîte avait été poursuivi de deux ou trois aigles et<br />

contraint de me laisser tomber pendant qu’il se défendait contre<br />

les autres qui lui disputaient sa proie. Les plaques de fer<br />

attachées au bas de la boîte conservèrent l’équilibre, et<br />

l’empêchèrent d’être brisée, et fracassée en tombant.<br />

Oh ! que je souhaitai alors d’être secouru par ma chère<br />

Glumdalclitch, dont cet accident subit m’avait tant éloigné ! Je<br />

puis dire en vérité qu’au milieu de mes malheurs je plaignais et<br />

regrettais ma chère petite maîtresse ; que je pensais au chagrin<br />

qu’elle aurait de ma perte et au déplaisir de la reine. Je suis sûr<br />

qu’il y a très peu de voyageurs qui se soient trouvés dans une<br />

situation aussi triste que celle où je me trouvai alors, attendant<br />

à tout moment de voir ma boîte brisée, ou au moins renversée<br />

par le premier coup de vent, et submergée par les vagues ; un<br />

carreau de vitre cassé, c’était fait de moi. Il n’y avait rien qui eût<br />

pu jusqu’alors conserver ma fenêtre, que des fils de fer assez<br />

forts dont elle était munie par dehors contre les accidents qui<br />

peuvent arriver en voyageant. Je vis l’eau entrer dans ma boîte<br />

par quelques petites fentes, que je tâchai de boucher le mieux<br />

que je pus. Hélas ! je n’avais pas la force de lever le toit de ma<br />

boîte, ce que j’aurais fait si j’avais pu, et me serais tenu assis<br />

dessus, plutôt que de rester enfermé dans une espèce de fond de<br />

cale.<br />

Dans cette déplorable situation, j’entendis ou je crus<br />

entendre quelque sorte de bruit à côté de ma boîte, et bientôt<br />

après je commençai à m’imaginer qu’elle était tirée et en<br />

quelque façon remorquée, car de temps en temps je sentais une<br />

sorte d’effort qui faisait monter les ondes jusqu’au haut de mes<br />

fenêtres, me laissant presque dans l’obscurité. Je conçus alors<br />

quelque faible espérance de secours, quoique je ne pusse me<br />

figurer d’où il me pourrait venir. Je montai sur mes chaises, et<br />

approchai ma tête d’une petite fente qui était au toit de ma<br />

boîte, et alors je me mis à crier de toutes mes forces et à<br />

demander du secours dans toutes les langues que je savais.<br />

– 125 –

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!