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LES VOYAGES DE GULLIVER

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« Quelques personnes d’esprit abattu s’inquiètent en outre<br />

de ce grand nombre de pauvres gens qui sont vieux, malades ou<br />

estropiés, et l’on m’a demandé d’employer mes réflexions à<br />

trouver un moyen de débarrasser la nation d’un fardeau<br />

pénible ; mais là-dessus je n’ai pas le moindre souci, parce<br />

qu’on sait fort bien que tous les jours ils meurent et pourrissent<br />

de froid, de faim, de saleté et de vermine, aussi vite qu’on peut<br />

raisonnablement y compter. Et quant aux jeunes laboureurs,<br />

leur état donne des espérances pareilles : ils ne peuvent trouver<br />

d’ouvrage, et par conséquent languissent par défaut de<br />

nourriture, tellement que si en quelques occasions on les loue<br />

par hasard comme manœuvres, il n’ont pas la force d’achever<br />

leur travail. De cette façon, le pays et eux-mêmes se trouvent<br />

heureusement délivrés de tous les maux à venir. »<br />

Swift finit par cette ironie de cannibale :<br />

« Je déclare dans la sincérité de mon cœur que je n’ai pas le<br />

moindre intérêt personnel dans l’accomplissement de cette<br />

œuvre salutaire, n’ayant d’autre motif que le bien public de mon<br />

pays. Je n’ai pas d’enfants dont par cet expédient je puisse tirer<br />

un sou, mon plus jeune ayant neuf ans et ma femme ayant passé<br />

l’âge où elle aurait pu devenir mère. »<br />

– 278 –

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