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LES VOYAGES DE GULLIVER

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Il me dit enfin tant de choses obligeantes, et me parut un si<br />

honnête homme, que je me laissai gagner, ayant d’ailleurs,<br />

malgré mes malheurs passés, une plus forte passion que jamais<br />

de voyager. La seule difficulté que je prévoyais, c’était d’obtenir<br />

le consentement de ma femme, qu’elle me donna pourtant assez<br />

volontiers, en vue sans doute des avantages que ses enfants en<br />

pourraient retirer.<br />

Nous mîmes à la voile le 5 d’août 1708, et arrivâmes au fort<br />

Saint-Georges le 1 er avril 1709, où nous restâmes trois semaines<br />

pour rafraîchir notre équipage, dont la plus grande partie était<br />

malade. De là nous allâmes vers le Tonkin, où notre capitaine<br />

résolut de s’arrêter quelque temps, parce que la plus grande<br />

partie des marchandises qu’il avait envie d’acheter ne pouvait<br />

lui être livrée que dans plusieurs mois. Pour se dédommager un<br />

peu des frais de ce retardement, il acheta une barque chargée de<br />

différentes sortes de marchandises, dont les Tonkinois font un<br />

commerce ordinaire avec les îles voisines ; et mettant sur ce<br />

petit navire quarante hommes, dont trois du pays, il m’en fit<br />

capitaine et me donna en pouvoir pour deux mois, tandis qu’il<br />

ferait ses affaires au Tonkin.<br />

Il n’y avait pas trois jours que nous étions en mer qu’une<br />

grande tempête s’étant élevée, nous fûmes poussés pendant<br />

cinq jours vers le nord-est, et ensuite à l’est. Le temps devint un<br />

peu plus calme, mais le vent d’ouest soufflait toujours assez fort.<br />

Le dixième jour, deux pirates nous donnèrent la chasse et<br />

bientôt nous prirent, car mon navire était si chargé qu’il allait<br />

très lentement et qu’il nous fut impossible de faire la manœuvre<br />

nécessaire pour nous défendre.<br />

Les deux pirates vinrent à l’abordage et entrèrent dans<br />

notre navire à la tête de leurs gens ; mais, nous trouvant tous<br />

couchés sur le ventre, comme je l’avais ordonné, ils se<br />

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