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LES VOYAGES DE GULLIVER

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misaine ; mais, l’orage augmentant toujours, nous fîmes<br />

attacher les canons et serrâmes la misaine. Le vaisseau était au<br />

large, et ainsi nous crûmes que le meilleur parti à prendre était<br />

d’aller vent derrière. Nous rivâmes la misaine et bordâmes les<br />

écoutes ; le timon était devers le vent, et le navire se gouvernait<br />

bien. Nous mîmes hors la grande voile ; mais elle fut déchirée<br />

par la violence du temps. Après, nous amenâmes la grande<br />

vergue pour la dégréer, et coupâmes tous les cordages et le<br />

robinet qui la tenaient. La mer était très haute, les vagues se<br />

brisant les unes contre les autres. Nous tirâmes les bras du<br />

timon et aidâmes au timonier, qui ne pouvait gouverner seul.<br />

Nous ne voulions pas amener le mât du grand hunier, parce que<br />

le vaisseau se gouvernait mieux allant avec la mer, et nous<br />

étions persuadés qu’il ferait mieux son chemin le mat gréé.<br />

Voyant que nous étions assez au large après la tempête,<br />

nous mîmes hors la misaine et la grande voile, et gouvernâmes<br />

près du vent ; après nous mîmes hors l’artimon, le grand et le<br />

petit hunier. Notre route était est-nord-est ; le vent était au sudouest.<br />

Nous amarrâmes à tribord et démarrâmes le bras de<br />

dévers le vent, brassâmes les boulines, et mîmes le navire au<br />

plus près du vent, toutes les voiles portant. Pendant cet orage,<br />

qui fut suivi d’un vent impétueux d’est-sud-ouest, nous fûmes<br />

poussés, selon mon calcul, environ cinq cents lieues vers<br />

l’orient, en sorte que le plus vieux et le plus expérimenté des<br />

mariniers ne sut nous dire en quelle partie du monde nous<br />

étions. Cependant les vivres ne nous manquaient pas, notre<br />

vaisseau ne faisait point d’eau, et notre équipage était en bonne<br />

santé ; mais nous étions réduits à une très grande disette d’eau.<br />

Nous jugeâmes plus à propos de continuer la même route que<br />

de tourner au nord, ce qui nous aurait peut-être portés aux<br />

parties de la Grande-Tartarie qui sont le plus au nord-ouest et<br />

dans la mer Glaciale.<br />

Le seizième de juin 1703, un garçon découvrit la terre du<br />

haut du perroquet ; le dix-septième, nous vîmes clairement une<br />

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