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LES VOYAGES DE GULLIVER

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et, quand j’eus fait quatre lieues tirant vers le nord, le vent étant<br />

au sud-est, sur les six heures du soir je découvris une petite île<br />

longue d’environ une demi-lieue vers le nord-est. Je m’avançai<br />

et jetai l’ancre vers la côte de l’île qui était à l’abri du vent ; elle<br />

me parut inhabitée. Je pris des rafraîchissements et m’allai<br />

reposer. Je dormis environ six heures, car le jour commença à<br />

paraître deux heures après que je fus éveillé. Je déjeunai, et, le<br />

vent étant favorable, je levai l’ancre, et fis la même route que le<br />

jour précédent, guidé par mon compas de poche. C’était mon<br />

dessein de me rendre, s’il était possible, à une de ces îles que je<br />

croyais, avec raison, situées au nord-est de la terre de Van-<br />

Diémen.<br />

Je ne découvris rien ce jour-là ; mais le lendemain, sur les<br />

trois heures après midi, quand j’eus fait, selon mon calcul,<br />

environ vingt-quatre lieues, je découvris un navire faisant route<br />

vers le sud-est. Je mis toutes mes voiles, et, au bout d’une demiheure,<br />

le navire, m’ayant aperçu, arbora son pavillon et tira un<br />

coup de canon. Il n’est pas facile de représenter la joie que je<br />

ressentis de l’espérance que j’eus de revoir encore une fois mon<br />

aimable pays et les chers gages que j’y avais laissés. Le navire<br />

relâcha ses voiles, et je le joignis à cinq ou six heures du soir, le<br />

26 septembre. J’étais transporté de joie de voir le pavillon<br />

d’Angleterre. Je mis mes vaches et mes moutons dans les<br />

poches de mon justaucorps et me rendis à bord avec toute ma<br />

petite cargaison de vivres. C’était un vaisseau marchand anglais,<br />

revenant du Japon par les mers du nord et du sud, commandé<br />

par le capitaine Jean Bidell, de Deptford, fort honnête homme<br />

et excellent marin.<br />

Il y avait environ cinquante hommes sur le vaisseau, parmi<br />

lesquels je rencontrai un de mes anciens camarades nommé<br />

Pierre Williams, qui parla avantageusement de moi au<br />

capitaine. Ce galant homme me fit un très bon accueil et me pria<br />

de lui apprendre d’où je venais et où j’allais, ce que je fis en peu<br />

de mots ; mais il crut que la fatigue et les périls que j’avais<br />

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