mededelingen der zittingen bulletin des seances - Royal Academy ...
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Les dérives perverses de la croissance<br />
Les développements de la croissance, dans une économie de marché à<br />
vocation planétaire, sont soumis à de multiples contraintes, souvent inductrices<br />
de dérives perverses. Citons-en quelques-unes :<br />
— Du fait du maintien par les décideurs, tant industriels que politiques, de<br />
la subordination décisionnelle <strong>des</strong> ingénieurs aux scientifiques, qui conduit<br />
à une dérive sociale induisant <strong>des</strong> prises de décisions industrielles dictées<br />
par les scientifiques, théoriciens ou chercheurs, sans tenir assez compte de<br />
la pratique <strong>des</strong> ingénieurs sur le terrain.<br />
— Du fait <strong>des</strong> économistes qui militent pour une économie pilotant la<br />
technique, mais qui dérive en économie pilotant l’économie. Ils cherchent<br />
l’équilibre économique, non plus par la production de biens utiles au<br />
développement, mais par <strong>des</strong> productions totalement inutiles aux consommateurs,<br />
telles que celle <strong>des</strong> armements en incommensurable excès. On<br />
sait que la mise en œuvre de moins de 10 % de ce qui est stocké dans<br />
les armées <strong>des</strong> deux principales puissances mondiales suffirait pour bloquer,<br />
voire faire rétrogra<strong>der</strong> tout développement humain à la surface de notre<br />
planète pendant plusieurs décennies, si ce n’est pendant plusieurs siècles<br />
(Bauby et al. 1995).<br />
— Du fait <strong>des</strong> financiers qui ont placé les finances en amont de l’économie,<br />
ce qui est logique, mais qui n’ont pas su maîtriser sa dérive, la plus perverse<br />
de toutes, l’enrichissement par la spéculation purement financière sans<br />
création de biens de consommation. Dans les milieux boursiers, on évalue<br />
actuellement à plus de 95 % la masse financière dévolue à la spéculation<br />
pure, sans production d ’aucun bien de consommation ( K a h n 1994). Ce<br />
mécanisme induit un véritable cancer social qui ronge le développement,<br />
en entretenant pour survivre, le mythe d’une croissance économique prochainement<br />
retrouvée, alors que les indicateurs démographiques et sanitaires<br />
conduisent à prévoir, d’ici une à deux générations, une réduction rapide<br />
du nombre de consommateurs, due à la décélération de la croissance<br />
démographique touchant actuellement la totalité de la population du globe<br />
( O r g a n i s a t i o n M o n d i a l e d e l a S a n t é 1995).<br />
— Du fait <strong>des</strong> industriels dont l’esprit initial, tourné vers la production de<br />
biens de consommation utiles au développement, dérive vers l’adéquation<br />
primaire aux lois du marché, avec une course effrénée à la rentabilité,<br />
méprisant tous les autres facteurs humains du développement.<br />
— Du fait <strong>des</strong> juristes, car le juridisme, initialement chargé de régler <strong>des</strong> conflits<br />
de toutes natures, dérive en juridisme pour le juridisme, c’est-à-dire pour<br />
s’enrichir par la procédure sans produire de biens consommables. Certains<br />
procès en contrefaçon ont rapporté plus et en moins de temps aux<br />
industriels que la mise en place de la production d’un nouveau produit.