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incarne un esprit Ngesh aperçu dans la forêt. Il fait partie de la triade des
masques royaux avec le masque Ngady a Mwaash [23],
Les traditions masquées des Kuba sont des plus variées. Voici le masque
pwoom itok des Ngeende ou des Ngongo [24], Les yeux proéminents de forme
conique sont inspirés de l’œil du caméléon et le contour de l’iris est percé
de nombreux trous. Le masque est lié à un grade élevé de l’initiation des
Babende.
Le goût esthétique des Kuba et le sens de la décoration revêtent des aspects
inattendus : le raffinement d’une main et d’un bras sculptés de 44 cm [25],
Les étoffes brodées, appelées les velours du Kasaï, sont célèbres ; celles du
musée d’Ulm datent de 1659. Les coupes des dignitaires de la cour, les hanaps
des militaires et les boîtes à fard sont universellement connus.
Sur les terres frontalières de l’Angola, le long du Kwilu, de la Lulua, du
Kasaï et du sud-Shaba, les Cokwe matrilinéaires vivent en chefferies peu centralisées.
Les masques en résine sont des créations artistiques étonnantes apparaissant
lors des cérémonies d’initiation [26]. Le masque Cihongo que voici est
également sculpté dans le bois [27],
L’expression forte et puissamment équilibrée du masque en bois Cihongo,
expression «mâle» du Cokwe, combine les surfaces convexes et concaves,
dégageant la double cavité oculaire bordée d’un ruban saillant, la bouche
aux dents apparentes et le menton (fig. 2). Jadis porté par le chef de terre
ou l’un de ses fils, le masque exprime la force, la puissance, la richesse et
la justice [28]. Le motif cruciforme sur le front est emprunté à la Croix de
l’Ordre du Portugal apportée au xvne siècle par les Portugais, réinterprété
comme un symbole cosmique reliant les quatre dimensions de l’univers.
Le masque féminin Pwo de la figure 90, collecté près de Tshikapa, exprime
la beauté et la fécondité cokwe. Son acquisition est comparable, commente
José Redinha, à un mariage mystique où le sculpteur reçoit du danseur un
anneau de cuivre, prix symbolique de la fiancée. Des motifs gravés sur le
front, les joues et le menton des masques Cihongo et Pwo sont des symboles
du soleil levant et couchant ; ils relient l’image de l’homme viril et sage et
celle de la femme belle et féconde au cosmos et à l’autre face du réel.
La décoration anecdotique de chaises faites sur des modèles portugais du
xvne et xvme siècles garde la mémoire d’événements quotidiens et sociaux [29].
Un sceptre-tabatière [30] illustre merveilleusement la qualité plastique des
œuvres de cour cokwe [31], Le récipient à tabac prend la forme d’un tambour
[32], le couvercle celle d’un personnage portant une coiffure prestigieuse
et tenant en main un lamellophone à dix notes, sanza, et une calebasse comme
caisse de résonance. Selon G. Kubik, le cadre ajouré imite une structure en
filet des grillages de cases d’oiseau.
L’émergence du royaume luba au xvie-xvne siècle est né de la conjonction
de deux facteurs économiques : le commerce du fer et du sel à partir de la