mededelingen der zittingen bulletin des seances - Royal Academy ...
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Chaque masque, chaque statue, chaque figurine rituelle est simultanément<br />
une image, un symbole et une parole. La réalité multiforme de ces idéogrammes<br />
ouvre un chemin initiatique touchant tour à tour la personne et le cosmos,<br />
les institutions sociales, le monde de l’au-delà et les mythes fondateurs. Notre<br />
propos consiste simplement à présenter quelques œuvres majeures, indicatrices<br />
<strong>des</strong> grands courants artistiques de l’Afrique centrale traditionnelle.<br />
Sur ce parcours initiatique, deux grands ensembles culturels se présentent,<br />
bien délimités géographiquement : au nord, les cultures de la forêt centré-<br />
quatoriale ; au sud, les grands royaumes de la savane subéquatoriale. Dans<br />
les objets <strong>des</strong> cultures forestières, <strong>des</strong> Lega à l’est aux Ngbaka au nord-ouest,<br />
les visages sont taillés en réserve, les formes simples sont marquées par le<br />
sacré, une lente dérive culturelle et artistique semblable apparaît : l’art évolue<br />
de façon plus statique comme <strong>des</strong> trains roulant parallèlement à <strong>des</strong> vitesses<br />
différentes. Nous regar<strong>der</strong>ons au préalable quelques œuvres majeures <strong>des</strong><br />
grands royaumes de la savane, à savoir d ’ouest en est, les Kongo, les peuples<br />
du Bandundu, les Kuba, les Cokwe, les Songye et les Luba et les peuples<br />
qui s’y rattachent. Dans ces royaumes, les formes sculptées, plus réalistes,<br />
présentent un art accumulatif où la mémoire <strong>des</strong> peuples a engrangé au fil<br />
de l’histoire divers types d ’objets venus d’institutions différentes qui, peu à<br />
peu, se sont intégrés dans un même ensemble [2],<br />
Les lentes germinations <strong>des</strong> neuf groupes fondateurs du royaume kongo<br />
étaient déjà intégrées dans un pays unifié au moment où Diego Cao découvre<br />
l’embouchure du Zaïre en 1482-3. Les formes sculpturales englobent à la fois<br />
la statuaire en pierre, <strong>des</strong> statues à clous, <strong>des</strong> figurines rituelles, <strong>des</strong> maternités,<br />
<strong>des</strong> masques, <strong>des</strong> sceptres, <strong>des</strong> hochets, <strong>des</strong> cloches, <strong>des</strong> tambours, <strong>des</strong> poires<br />
à poudre et d’autres objets marqués par l’Europe et le Christianisme, tels<br />
les célèbres crucifix Kangi Kiditu [3],<br />
D ’emblée, le spectateur est face à un univers inconnu (fig. 1). Grande statue<br />
à clous de 114 cm de haut, le Nkondi [4] s’impose : personnage debout sur<br />
d ’immenses pieds en raquette, épaules massives, bras ornés de bracelets en<br />
fibres végétales (nsunga) protégeant du malheur, réceptacle magique clos par<br />
un grand cauris sur la zone ombilicale, pagne en raphias roulés, clous et plaques<br />
de métal. La tête est couverte d ’un bonnet de raphia décoré semblable à celui<br />
que portent les chefs. Du visage émergent <strong>des</strong> yeux en écu à l’éclat blanchâtre.<br />
Le symbolisme de l’alternance <strong>des</strong> couleurs blanche et rouge est souligné.<br />
La barbe épaisse contient <strong>des</strong> ingrédients magiques.<br />
La fonction de ces objets consistait à découvrir le responsable d’un malheur.<br />
La bouche ouverte et le couteau écartaient le danger. Le miroir facilitait le<br />
discernement [5]. Les chefs étaient chargés de punir les coupables et de tuer<br />
les sorciers, les mangeurs d’âme. Les ateliers de sculpture étaient localisés dans<br />
la vallée du fleuve Chiloango, le long de la frontière du Mayombe et de<br />
l’enclave de Cabinda.